Nommé Premier ministre en février 2021, Jean-Michel Sama Lukonde qui avait remplacé à ce poste Sylvestre Ilunga, serait sur une chaise éjectable. Il risque de tomber comme son prédécesseur à travers une motion de censure. En gestation, cette motion est l’initiative du député de la majorité parlementaire Steve Mbikayi, qui dénonce l’incapacité du gouvernement à répondre aux préoccupations de la population.
« Nous ne la (motion de censure) sortirons que quand un grand nombre des collègues députés sera acquis à cette cause », a annoncé l’ancien ministre de l’ESU qui, cependant, fulmine contre tous ceux qui présentement malencontreusement son action parlementaire comme une stratégie visant à déstabiliser le président de la République, Félix Tshisekedi, à trois mois des élections générales.
Dans une tribune rédigée lundi 28 septembre, Steve Mbikayi a précisé qu’il a plutôt affaire à Sama Lukonde, le Premier ministre « le plus effacé et inactif de toute l’histoire de la RDC ».
Selon lui, la volonté du chef de l’Etat de bien faire est manifeste. Mais son gouvernement n’est pas à la hauteur de la tâche.
L’article 147 de la Constitution dispose que, lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure, le gouvernement est réputé démissionnaire. Dans ce cas, le Premier ministre remet la démission du gouvernement au Président de la République dans les vingt quatre heures.
Ci-dessous, la tribune de Steve Mbikayi
La vérité blesse, dit-on. La nôtre a fait mal. Très mal. Nous avons déclaré que le gouvernement Sama doit démissionner. Nous signons et nous persistons. Ce matin des milliers des dollars ont été dépensés pour acheter les manchettes des journaux pr nous vilipender. Plutôt que de perdre notre temps en leur envoyant un droit de réponse qui ne sera pas lu par un grand nombre , car leurs feuilles de choux ne sont pas vendues à plus de 50 exemplaires , nous nous contentons de réagir sur notre compte Twitter. C’est plus efficace. Dans 24 h , notre tweet demandant la démission du gouvernement a fait plus de 230 000 vues. Nous signons et nous persistons. Le gouvernement Sama doit démissionner. Une motion de censure est à l’étude. Nous ne la sortirons que quand un grand nombre des collègues députés sera acquis à cette cause.
Déplacer malencontreusement le débat vers le Chef de l’ État parce qu’ on se sait plus vulnérable ne peut nullement nous intimider. Tout le monde sait notre engagement dans la défense des actions du président de la République depuis 3 ans. Nous continuerons sur la même lancée. Mais, au sein de la majorité, nous dénoncerons et combattrons tout ce qui peut nous faire échouer. Notamment, la défaillance du gouvernement Sama. Son incapacité à répondre aux préoccupations de la population. Si dans la cité toutes les critiques sont orientées vers le président de la République , c’est parce que nous avons affaire au Premier ministre le plus effacé et inactif de toute l’histoire de la RDC. Conséquence, un régime semi-présidentiel apparaît aujourd’hui comme présidentiel . Quand ça ne marche pas, personne ne parle de lui alors que c’est lui qui gouverne. Même s’il ne démissionne pas, nous le secouerons au quotidien pour qu’il se réveille.
Prétendre qu’en relevant l’inefficacité du gouvernement, nous déstabilisons Fatshi est une intimidation de mauvais goût. Ça ne peut pas nous décourager. C’est une diversion.Nous n’allons même pas nous y attarder. Pendant trois ans, le gouvernement a été incapable de produire les permis de conduire. Tout le monde prend le volant comme il veut. Est-ce Fatshi qui devrait s’occuper de la commande des permis de conduire ? Quand une imprimante tombe en panne, on passe plusieurs mois sans produire des passeports. Le chef de l’État est le seul citoyen à avoir reçu sa carte d’identité…
Congo Airways est cloué au sol parce que le gouvernement a refuser de débloquer 33 millions de dollars au motif qu’il faut privatiser l’entreprise. Suite à notre pression, dix millions de dollars viennent d’être décaissés pr cette compagnie . Nous en sommes fiers. Des prix fantaisistes imposés aux aviateurs ont fait sécher le ciel congolais. Aujourd’hui, pour aller de Goma à Kinshasa, il faut passer par Addis-Abeba. Quelle honte ! Est-ce que ça peut s’appeler compétence ? Face au dollar, notre économiste national ne sait à quel saint se vouer. Sur le marché, c’est la surchauffe. L’arrivée du « guerrier » tant vanté n’a rien changé au front. Être député de la majorité ne veut nullement dire être complaisant avec un gouvernement défaillant. Nous jouerons pleinement notre rôle entant qu’élu du peuple. Plutôt que de rencontrer nos arguments, le gouvernement veut se cacher derrière le président de la République. Il doit s’assumer.
Pour le tirer de son profond sommeil, nous continuerons à le secouer. S’il ne se réveille pas, nous le ferons tomber. Au lieu de laisser l’opposition dire ces choses et en tirer profit, nous devons en parler nous mêmes et exiger des corrections.
La volonté du chef de l’Etat de bien faire est manifeste. Mais son gouvernement n’est pas à la hauteur de la tâche. Si dans un mois, Congo Airways ne reprend pas ses vols, Sama et son gouvernement vont tomber et les élections auront bel et bien lieu. Tout collègue député qui ira en campagne avec Sama sur son dos creusera sa propre tombe.
Nous interpellons le président Mboso.Notre chambre doit cesser d’être une caisse de résonance du gouvernement.