Alors que l’insécurité dans l’Est de la RDC atteint des niveaux les plus alarmants, en raison des affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise, le chef des droits de l’homme de l’ONU est convaincu que les initiatives diplomatiques dirigées par l’EAC et l’Angola « ont le potentiel de faire taire les armes ».
Pour Volker Türk, les processus régionaux de paix devraient notamment garantir le droit des victimes à la justice et à la réparation.
« Les processus de Nairobi et de Luanda ont le potentiel de faire taire les armes, de garantir une meilleure protection des civils et d’assurer un développement durable. Il est crucial que les deux processus soient ancrés dans les droits de l’homme, afin de lutter contre l’impunité et de garantir le droit des victimes à la vérité, à la justice, à la réparation et aux garanties de non-répétition », a-t-il déclaré mardi à Genève.
En outre, le haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a insisté pour que le déploiement actuel de forces militaires bilatérales et régionales pour imposer la paix « se fasse dans le strict respect des normes internationales relatives aux droits de l’homme et au droit humanitaire ».
Violation des droits de l’homme
Face à la persistance du conflit armé, Volker Türk dit craindre que la jouissance des droits de l’homme dans le pays ne soit brutalement interrompue.
Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a recensé 156 personnes qui ont été sommairement exécutées par le M23, entre le 1er octobre 2023 et le 15 mars 2024. Il a également été constaté que le M23 avait abusé sexuellement de 30 femmes et 12 enfants et enlevé 127 civils, notamment pour les recruter de force pour combattre.
« Ces chiffres ne représentent pas l’ampleur réelle des abus. Bon nombre de ces violations graves des droits humains pourraient constituer des atrocités criminelles, et les auteurs présumés et leurs complices doivent être tenus responsables », a-t-il dit.
Au cours de la même période, le BCNUDH a également établi que l’armée congolaise ou ses mandataires se sont rendus responsables de violations des droits de l’homme ou du droit humanitaire international, notamment d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions arbitraires et de destruction de propriétés privées.