L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a exprimé ses « vives inquiétudes » au sujet de la recrudescence des violations droits de l’homme par certains détenteurs du pouvoir public, principalement les services de sécurité.
L’organisation de la société civile dirigée par Georges Kapiamba révèle que les services de renseignement ont décidé de « s’affranchir du droit en optant pour le règne de la loi de la jungle où seuls prévalent l’arbitraire et la loi du plus fort ».
Cette manière de faire, tonne-t-elle, est en contradiction avec la volonté maintes fois exprimée par le président de la République, Félix Tshisekedi, quant à « l’instauration d’un Etat de droit devant aller de pair avec l’humanisation des méthodes de travail des forces de défense et de sécurité ».
« Aujourd’hui, sous le couvert ondoyant d’atteinte à la sécurité nationale, les services de sécurité interpellent et détiennent certains citoyens pour des causes relevant des juridictions civiles ou pénales et sans respecter les droits fondamentaux garantis par les articles 17, 18 et 19 de la Constitution », a dénoncé Georges Kapiamba dans sa déclaration faite à l’occasion du 11ème anniversaire de l’ACAJ.
La continuité des tares du régime Kabila
Georges Kapiamba affirme que les méthodes condamnées et décriées sous les régimes passés font curieusement un retour en force dans les milieux des sécurocrates congolais qui, condamne-t-il, « justifient leurs dérives par des absurdités du genre: la politique ne se fait pas par le respect des droits de l’homme ».
Dans la foulée, il a cité quelques cas des compatriotes détenus « abusivement et en toute illégalité » dans des cachots des services de sécurité, transformés selon Kapiamba, « en juridictions d’exception, pourtant promis à la disparition par le président de la République (Félix Tshisekedi) à sa prise de fonction ».
- Dossier de François Beya Kasonga, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité au moment des faits, a été détenu pendant 60 jours dans les installations de l’Agence nationale des renseignements (ANR)/Kinshasa avant d’être transféré à l’Auditorat général militaire. Plusieurs de ses collaborateurs y sont encore détenus dans le plus grand secret;
- Dossier de Ferdinand Droma Ndowa et Freddy Baelongani Kamango, tous directeurs à la SOKIMO SA, sont détenus à I’ANR/Kinshasa depuis 56 jours sans être transférés auprès de l’autorité judiciaire compétente, et ce en violation des articles 17, 18 et 19 de la Constitution;
- Dossier de Tony Koba Balu, a été détenu pendant trois jours à I’ANR/Matadi (province du Kongo central) pour une affaire à caractère civil. Pour recouvrer sa liberté, il a dû payer la somme de 5000 USD sur 25000 USD lui réclamés. Ses documents parcellaires et voiture sont confisqués pour le contraindre à payer le solde au plus tard le 23 septembre 2022;
- Dossier de Célestin Kibambe Kapenga, président du Conseil provincial de la jeunesse, et Roger Kabulo, membre, ont été détenus à I’ANR/Kamina (province du Haut-Lomami), pendant respectivement 18 jours et 15 jours pour « imputations dommageables » qu’ils auraient faites au préjudice de la gouverneure de province, avant d’être transférés au parquet au général près la Cour d’appel du Haut-Lomami.
Georges Kapiamba fait remarquer que, dans un tel environnement, le peuple réalise que le changement allégué n’est qu’un leurre. Il revient, suggère le président de l’ACAJ, aux pouvoirs publics d’initier des mesures correctives au sein de ce service qui tend à perdre la confiance des Congolaises et Congolais.
Reagan Ndota