Avec l’insécurité alimentée dans sa partie orientale, depuis plus de deux décennies, par le Rwanda, la République démocratique du Congo (RDC) peine encore à tirer profit de ses immenses ressources naturelles exploitées illicitement avec la complicité des multinationales. Dans ce contexte, Adolphe Muzito, ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle de décembre 2023, a soulevé la nécessité d’actionner la diplomatie économique avec les « grandes puissances et multinationales » dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.
Lors du dernier briefing du Conseil de sécurité sur la situation dans la région des Grands Lacs, les différentes délégations avaient reconnu que les ressources naturelles constituent l’une des causes profondes des conflits armés dans l’Est de la RDC. La Suisse, par exemple, avait appelé à instaurer une gestion viable des ressources naturelles et de s’attaquer aux flux financiers illicites.
Pour Adolphe Muzito, la RDC devait négocier directement avec les Etats occidentaux et multinationales, qui « exploitent nos richesses de manière illicite en occasionnant des morts » et non pas avec le Rwanda qui, dit-il, « n’est qu’un bras armé » des puissances occidentales.
« Nous voulons une diplomatie économique avec les puissances qui, en fait, profitent de l’exploitation des ressources. Nous pensons qu’en négociant avec eux, et non le Rwanda qui n’est qu’un bras armé, progressivement nous pourrons obtenir qu’ensemble, dans un partenariat gagnant-gagnant, nous puissions exploiter les ressources du Congo qui représentent une opportunité pour l’humanité dans le contexte nouveau, de la transition écologique », a-t-il proposé.
« Faire la guerre contre le Rwanda »
Face à la persistance de l’insécurité dans l’Est du pays, Muzito est convaincu que la solution durable viendra du secteur de la défense, c’est-à-dire faire la guerre contre le pays de Paul Kagame qui, affirme-t-il, « ne comprend que le langage de la force, le langage du feu ».
« Il faut se préparer à faire la guerre au Rwanda. Et parallèlement, il faut négocier, discuter avec les patrons du Rwanda, les multinationales, les Etats puissants, nos amis occidentaux pour qu’ensemble, on commence à réfléchir sur la possibilité de la mise en valeur du Congo d’une générale, mais particulièrement, dans cette partie Est de la République qui regorge beaucoup de ressources qui font l’objet de convoitise », a-t-il insisté.
Avec un budget de l’Etat de plus de dix milliards $, le leader de Nouvel Elan a appelé à doter les Forces armées de la RDC des moyens conséquents pour mettre fin à l’agression rwandaise car, rappelle-t-il, le Rwanda avait réussi à occupé le Congo à l’époque (1996) où le pays avait un budget de 100 millions $.
« Quand je parle de la guerre, c’est en perspective, en dotant notre armée progressivement maintenant qu’on a un budget qui dépasse les dix milliards $. Nous pouvons équiper l’armée sur deux ou trois années en même temps que cette partie où nous négocions avec les grandes puissances…A terme, nous aurons raison du Rwanda », a-t-il expliqué.
Adolphe Muzito s’oppose aussi à la présence de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est sur le territoire congolais. Il justifie sa position par le fait que les pays qui ont déployé leurs contingents jouent un rôle dans la déstabilisation de la RDC.
« Je considère que ces Etats sont juge et partie, ce sont des pays pauvres comme nous et qui ont les mêmes intérêts que le Rwanda et nous nous pensons qu’il faut négocier avec les vrais partenaires, avec qui nous pouvons défendre les richesses du Congo, défendre le Congo et développer ensemble ces potentiels pour l’intérêt de l’humanité », a-t-il conclu.