Convaincue que les missions de maintien de la paix de l’ONU demeurent un moyen « indispensable » pour pérenniser la paix et rechercher des solutions politiques, l’Albanie qui préside le Conseil de sécurité de l’ONU en septembre, dit craindre l’aggravation de la crise sécuritaire notamment en RDC après le retrait « accéléré » de la Monusco demandé par le gouvernement congolais et avec le recours aux mercenaires (démenti déjà par Kinshasa).
Comme au Mali dans le contexte du retrait de la Minusma, en RDC également où les casques bleus onusiens préparent leur départ conformément à la feuille de route convenue, l’Albanie est préoccupée par le fait que « la crise sécuritaire déjà précipitée par l’activité de mercenaires notoires dans divers endroits, connus pour leur manque de soins envers les vies innocentes, risque d’aggraver davantage la paix et la stabilité ».
« Même si la mission de l’ONU et ses mandats ne sont pas à l’abri de critiques, les gouvernements mécontents doivent savoir que le recours aux mercenaires ne doit pas être pris à la légère, car cela peut s’avérer erroné, traître, coûteux et même dangereux », a déclaré jeudi Ferit Hoxha, représentant permanent d’Albanie à l’ONU, lors de la réunion du Conseil de sécurité consacrée aux opérations de maintien de la paix.
Contrairement aux Congolais très critiques à l’égard des Onusiens qui, après plus de 20 ans de présence, n’ont pas apporté la stabilité, l’Albanie a noté de « nombreuses réussites » dans la promotion des droits de l’homme, le soutien aux initiatives de responsabilisation et l’avancement des réformes des secteurs de la gouvernance, de la sécurité et de la justice.
« La Monusco, en RDC, a travaillé sans relâche pour créer la stabilité après les élections de 2018, protégeant plus de 100 000 personnes déplacées internes », s’est réjoui Ferit Hoxha, précisant cependant qu’en RDC comme ailleurs, les conflits sont devenus de plus en plus complexes, influencés par des facteurs nationaux, géopolitiques et transnationaux, révélant les écarts entre les mandats de maintien de la paix de l’ONU, leur mise en œuvre pratique et parfois les attentes des pays hôtes.
Dans ce contexte, dit-il, faire correspondre les mandats avec les réalités opérationnelles, en particulier dans les conflits difficiles et prolongés, est devenu très difficile. « Cela a donné lieu à des attentes accrues, parfois irréalistes, et lorsqu’elles ne sont pas satisfaites, elles sont suivies de critiques croissantes et, dans certains cas, même d’attitudes hostiles », a-t-il expliqué.
Par conséquent, il estime que la compréhension, la coopération et le soutien des pays hôtes sont essentiels pour garantir que les soldats de la paix mettent en œuvre leur mandat et garantissent la liberté de mouvement pour exécuter leurs missions en toute sécurité.
« Lorsque la confiance est rompue, c’est la mise en œuvre du mandat et, en fin de compte, la paix et la protection des civils qui en paieront le prix », a-t-il souligné.
Le diplomate albanais a par la même occasion salué le dévouement et le courage des soldats de la paix des Nations unies dans le monde entier et rendu à ceux qui ont consenti le sacrifice ultime dans leur noble service pour la paix au cours des 75 dernières années.