Outil important pour renforcer la paix et la sécurité internationales, le maintien de la paix de l’ONU, 75 ans après sa création, est confronté à plusieurs défis qui, selon la Russie, suscitent de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir des opérations.
Dmitry Polyansky, représentant permanent adjoint de la Russie à l’ONU, qui s’exprimait jeudi au cours la réunion du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, a indiqué que « la fin de la Mission de stabilisation de l’ONU au Mali (Minusma) et les exigences de Kinshasa de commencer à retirer la présence de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco) d’ici la fin de cette année, tout cela nous fait réfléchir aux véritables raisons du mécontentement des États qui ont jadis accepté l’accord (pour le déploiement de casques bleus) ».
Parmi les raisons de cette rupture, le diplomate russe a évoqué notamment « une prise en compte insuffisante des souhaits des pays hôtes et une priorisation incorrecte du travail en mettant l’accent sur des questions secondaires liées aux droits de l’homme, au genre ou au climat ».
Dans un certain nombre de régions, a-t-il déploré, les opérations de maintien de la paix de l’ONU sont présentes depuis de nombreuses années, s’intégrant dans le contexte politique national et devenant un élément du processus de gestion du conflit plutôt qu’un outil permettant de le résoudre.
En conséquence, a-t-il constaté, il existe un mécontentement croissant au sein de la population quant à la manière dont les soldats de maintien de la paix remplissent leur mandat.
« Dans de nombreuses situations de pays, nous constatons une approche de mentorat et une libre interprétation de concepts tels que l’impératif du respect inconditionnel de la souveraineté des États hôtes, le strict respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies et des principes fondamentaux du maintien de la paix, à savoir : consentement des parties, impartialité et non-recours à la force (sauf légitime défense et défense du mandat) . Malheureusement, cette approche ne conduit qu’à une détérioration des relations », a-t-il ajouté.
En outre, il a évoqué un problème « grave » qui est le décalage entre les moyens dont disposent les soldats de la paix et les tâches qui leur sont assignées, suscitant des attentes exagérées de la part de la population, alors que, a-t-il souligné, l’objectif des soldats de maintien de la paix doit rester la réalisation de la réconciliation par le dialogue et la création des conditions nécessaires à un tel processus politique.
« La recherche de solutions politiques doit reposer sur la conclusion d’un accord sur les causes des conflits. Sans définir l’objectif, il est difficile de choisir les moyens. Malheureusement, nous observons des situations où les avis sur ces questions diffèrent considérablement entre les parties belligérantes, les principaux acteurs régionaux ou extra-régionaux intéressés, ainsi qu’au Conseil de sécurité de l’ONU. Sans décision politique, il est impossible de s’entendre sur un mandat clair et réaliste », a-t-il dit.
A en croire Dmitry Polyanskiy, l’une des conséquences de ces désaccords est que dans plusieurs régions du monde, en l’absence de résultats de la présence de l’ONU, des options régionales ou bilatérales sont recherchées. Il a estimé que, dans les situations où il n’y a pas de paix et où la menace terroriste est élevée, la participation des régions à la demande du pays hôte est un moyen efficace d’instaurer la paix et la sécurité.
Rappelant que la coopération de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales fait partie intégrante de l’agenda international actuel en général, et du Conseil de sécurité de l’ONU en particulier, il a préconisé le développement d’une telle interaction sur la base de la Charte des Nations Unies, en particulier de son Chapitre VIII.
« Nous sommes convaincus que les associations d’intégration régionale, en premier lieu l’Union africaine, qui connaissent directement les problèmes de leurs membres, peuvent jouer un rôle constructif en soutenant la volonté des États d’assurer la sécurité et le bien-être de leurs citoyens. Une évaluation commune par les pays de la région des menaces existantes et des moyens de les surmonter, la volonté de prendre des risques pour y faire face, la création d’un système de commandement et de contrôle cohérent et efficace basé sur la confiance et la coopération sont la clé du succès des efforts régionaux », a-t-il ajouté.
Dans ce cadre, la Russie considère la République centrafricaine comme un exemple positif en termes d’interaction avec les autorités de l’État hôte, où le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, V. Rugwabiza, a réussi à établir un dialogue étroit avec Bangui.
Dmitry Polyanskiy a rappelé que l’un des principes fondamentaux du maintien de la paix est le consentement des parties. « Sans cela, les activités des soldats de la paix sont impossibles », a-t-il prévenu.