Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), où Kinshasa accuse Kigali d’agression, la Fédération de Russie privilégie une « solution pacifique ». Cette position a été réaffirmée jeudi 26 octobre 2023 par l’ambassadeur russe à Kinshasa, Alexey Sentebov, au cours de son échange avec le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula.
En violation du cessez-le-feu obtenu par les dirigeants régionaux, les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise attaque les positions des Forces armées de la RDC dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Les hostilités se rapprochent de Goma. Et plusieurs pertes en vies humaines sont signalées.
Cette situation préoccupante a été abordée jeudi par le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula et l’ambassadeur de Russie en RDC, Alexey Sentebov.
« Nous avons discuté de la situation actuelle à l’est de la République dans le contexte de la préparation du retrait de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC, ainsi que de la coordination des efforts au sein des plateformes internationales, y compris le Conseil de sécurité des Nations Unies. Un autre sujet de discussion a été l’accomplissement des formalités nécessaires à l’entrée en vigueur de l’accord entre le gouvernement de la Fédération de Russie et le gouvernement de la République démocratique du Congo sur l’exemption de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service, signé le 27 juillet à Saint-Pétersbourg « en marge » du deuxième sommet Russie-Afrique », a déclaré le diplomate russe.
La Russie encourage une solution pacifique à cette crise. Le 17 octobre dernier, Anna Evstigneeva, représentante permanente adjointe de la Russie à l’ONU, avait déclaré devant le Conseil de sécurité qu’une normalisation à long terme dans l’Est de la République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs ne peut être obtenue par des mesures militaires.
Selon elle, sans dialogue direct et ouvert entre les principaux acteurs régionaux et sans prise en compte mutuelle des intérêts sécuritaires, la spirale de la violence ne fera que continuer à se dénouer.
Ainsi, avait-elle appelé à une cessation complète des hostilités et à la pleine mise en œuvre de la Feuille de route de Luanda afin de créer les conditions propices à l’avancement des négociations intercongolaises et au rétablissement des relations de bon voisinage entre la RDC et le Rwanda.
« Nous sommes fermement convaincus que la sécurité et la stabilité dans l’Est de la RDC sont une chose qui intéresse tous les États de la RGL. Nous attachons une importance fondamentale à l’efficacité des efforts régionaux à travers les processus de négociation de Nairobi et de Luanda et aux efforts du président de la Communauté d’Afrique de l’Est. Nous notons également l’intention des États membres de la SADC de promouvoir un règlement pacifique dans l’est de la RDC », avait déclaré Anna Evstigneeva.
La Russie soutient également les efforts de la Monusco et de ses dirigeants pour garantir la paix et protéger les civils. Pour Moscou, la présence des Casques bleus dans la zone de conflit reste un facteur de stabilisation crucial.
Le pays de Vladimir Poutine a, dans ce contexte, salué la conclusion du rapport spécial du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, sur la Monusco selon laquelle, lors de l’examen des plans de reconfiguration et de retrait de la Mission, Kinshasa et l’ONU devraient prendre en compte l’évolution de la situation sur le terrain, agir de manière progressive et responsable, et prendre en compte l’avis des autorités hôtes.