La très attendue position officielle de l’Union européenne (UE) sur l’agression rwandaise en RDC sera donnée, mardi 27 février devant Parlement européen à Strasbourg, par Josep Borrell Fontelles, vice-président de la Commission et haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité.
Dans l’Est de la RDC, la situation est dramatique à cause des opérations de l’armée rwandaise et des rebelles du M23. La coalition M23-RDF, qui occupe quelques localités, multiplie des attaques contre l’armée congolaise et les Casques bleus de l’ONU. Le 14 février, deux soldats sud-africains de la SAMIDRC (Mission de la SADC en RDC) ont péri près de Goma dans des tirs de mortier des RDF (Forces rwandaises de défense).
Cette crise sera au centre d’une plénière du Parlement européen prévue mardi prochain. C’est ce que révèle le projet définitif d’ordre du jour adopté cette semaine par la conférence des présidents. Selon ce document consulté samedi par Afriquactu.net, il sera question d’auditionner « le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne sur la situation actuelle dans l’Est de la République démocratique du Congo ».
Pour Marc Botenga, député européen du PTB (Parti du travail de Belgique), « il s’agit maintenant de lever toutes les ambigüités sur la complicité européenne dans cette guerre ».
Lors de ses précédentes interventions au Parlement européen, Botenga a condamné sans ambages l’hypocrisie de l’UE face à l’agression rwandaise contre la RDC.
« Il est avéré maintenant, depuis des années, même par les Nations unies, que le gouvernement rwandais soutient les rebelles du M23. Des rebelles qui sèment la terreur et la mort en République démocratique du Congo, notamment à l’Est, où ce conflit a déjà fait des millions de morts. Nous savons donc toute la responsabilité du gouvernement rwandais.Et alors, que fait l’Union européenne? Que font les pays européens? On s’attendrait à des sanctions. C’est la réponse que l’Union européenne a souvent quand on voit ce genre d’action de la part d’un pays contre un autre. Mais non, non. Les gouvernements européens décident aujourd’hui de renforcer leur coopération militaire avec le Rwanda. La France, notamment, annonce un renforcement de sa coopération militaire. L’Union européenne va donner 20 millions au Rwanda pour sa participation au Mozambique. Et les États-Unis, vous le savez depuis longtemps, sont un partenaire très important du Rwanda…Cette politique – où on dit en mots, en paroles que nous respectons la souveraineté congolaise, mais en réalité, notre politique l’entrave et la sape – est inacceptable. Il faut cesser ça tout de suite parce que nous avons besoin, et les Congolais ont besoin, de paix aujourd’hui », avait-il déclaré en novembre 2022.
Accord UE-Rwanda sur les matières premières critiques
La plénière de mardi se tiendra au moment où l’image de l’UE est écornée à cause notamment de l’accord qu’elle vient de signer avec le Rwanda sur les matières premières critiques. Sans circonlocutions, Marc Botenga qualifié cet accord d’un accord de la « honte ».
Exigeant son annulation, l’eurodéputé a accusé l’UE de vouloir « profiter de la guerre en cours en RDC pour spolier les Congolais de leurs richesses naturelles ».
Les autorités congolaises ont également dénoncé fermement cet accord qui favoriserait les pillages des richesses de la RDC par le Rwanda. « Tout le monde sait que le Rwanda n’a même pas un gramme de ces minerais dit critiques dans son sous-sol. Le Rwanda ne les transforme même pas. Donc, il les exporte et il touche des dividendes grâce à cela, sur le sang de nos compatriotes », a tonné jeudi devant la presse Félix Tshisekedi, président de la RDC.
En signant ce protocole, « c’est comme si l’UE nous faisait la guerre par procuration », ajoute-t-il. « Quand vous achetez le produit du recel, vous êtes vous-même coupable de vol, vous êtes assimilé au voleur. Donc, j’espère que l’Union européenne ne va pas jouer ce jeu-là », a-t-il souligné.