Le Prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege exige des « sanctions fortes » contre le Rwanda pour son agression en RDC. Les opérations militaires du pays de Paul Kagame dans la province congolaise du Nord-Kivu a, dénonce-t-il, gonflé encore davantage le nombre de déplacés internes pour atteindre plus de 7 millions de personnes.
Le célèbre gynécologue et militant des droits de l’homme a saisi, mardi 5 mars, les Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU, pour exprimer sa profonde préoccupation sur l’escalade de la violence armée et son impact désastreux sur la protection des civils ainsi que la situation humanitaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis la résurgence en novembre 2021 du groupe armé M23, dont le soutien direct et indirect par l’armée rwandaise est documenté par le Groupe d’Experts de l’ONU.
Dans sa lettre ouverte, Denis Mukwege a fait remarquer notamment à la Chine, aux États-Unis d’Amérique, à la Fédération de Russie, à la France et au Royaume-Uni que cette guerre d’agression et d’occupation menée sur de larges pans de la province du Nord Kivu « viole l’intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC, les principes de base de la Charte des Nations Unies ainsi que les engagements pris dans l’Accord-Cadre d’Addis Abeba pour la Paix, la Sécurité et la Coopération, dans la feuille de route de Luanda et dans le cadre du processus de Nairobi ».
« Cette situation très volatile engendre le risque de provoquer un embrasement de la sous-région des Grands Lacs africains, et s’accompagne de violations massives des droits humains et du droit international humanitaire. Il s’agit notamment du recrutement et de l’utilisation d’enfants comme soldats, des violences sexuelles liées aux conflits, et de la commission de crimes internationaux, à l’instar des attaques contre le personnel et des aéronefs de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) et de la Force militaire de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SAMIDRC) avec le déploiement et l’utilisation sur le territoire congolais de systèmes antiaériens par le régime de Kigali. Ces crimes graves ne peuvent rester impunis. Toutes les échelles de responsabilités doivent être établies pour prévenir la répétition de ces violations flagrantes du droit international », a-t-il écrit.
Pour Mukwege, cette crise ne peut plus s’accommoder de « condamnations de façade et de paroles creuses » mais exige des « sanctions fortes » contre les acteurs de la déstabilisation, et des mesures immédiates et décisives pour que le Rwanda cesse son soutien au M23 et retire immédiatement ses forces du sol congolais.
« Il s’agit aujourd’hui de mobiliser une réelle volonté politique pour favoriser une désescalade à la crise, faire taire les armes dans les Kivus, enrayer la tragédie humanitaire, rendre justice pour les crimes les plus graves et faire respecter les principes de base du droit international dans la région des Grands Lacs », a-t-il souligné.
Avec 6,9 millions de personnes contraintes de fuir leurs foyers, la République démocratique du Congo accueille le deuxième plus grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) au monde.
Cette situation, a indiqué Norwegian Refugee Council, exacerbe la pression sur des infrastructures déjà fragiles, entravant l’accès aux services essentiels tels que les soins de santé, l’éducation et l’eau potable, et intensifie également le risque de malnutrition et d’épidémies.