L’année 2024 marque le 30e anniversaire du génocide contre les Tutsi et Hutu au Rwanda. Il s’agit, selon l’ONU, de l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Cependant, dans un contexte d’agression rwandaise en RDC, le chef de la diplomatie, Christophe Lutundula, a, lors de son intervention vendredi 8 mars à la réunion du Conseil des ministres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) en Guinée équatoriale, appelé l’administration Kagame à « cesser d’exploiter la tragédie du génocide rwandais dénoncée par nous tous, mais qu’elle-même transforme cyniquement en fonds de commerce politique ». Cette déclaration ne passe pas auprès des dirigeants rwandais. Irrité, Kigali accuse Kinshasa d’avoir participé à la planification du génocide qui a fait près d’un million de morts.
Le Rwanda mène un combat sans merci contre le négationnisme. Dans sa réaction, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a affirmé que la déclaration du ministre congolais des Affaires étrangères est « indécente ».
Cependant, Makolo n’en est pas surprise car, estime-t-elle, « le gouvernement de la RDC a collaboré avant, pendant et après le génocide perpétré contre les Tutsi, avec le gouvernement rwandais extrémiste qui a divisé et planifié le génocide ».
Alors que la RDC nie tout soutien aux FDLR, le Rwanda confirme, quant à lui, qu’aujourd’hui, l’idéologie anti-Tusti continue à travers « la préservation, le financement et l’intégration des FDLR, groupe issu des génocidaires, au sein de des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ».
Dans ce contexte, le ministre rwandais de l’Unité nationale et de l’engagement civique, Jean Damascene Bizimana, a rappelé que la résolution 1804 (2008) du Conseil de sécurité de l’ONU a demandé aux États membres « d’envisager de prendre les mesures nécessaires pour empêcher qu’un soutien financier, technique ou autre quel qu’il soit ne soit apporté par leurs nationaux ou de leur territoire aux FDLR, exFAR/Interahamwe ou autres groupes armés rwandais opérant dans le territoire de la République démocratique du Congo directement ou à leur profit ».
La question des FDLR est, selon Kinshasa, un un prétexte utilisé par le Rwanda pour justifier les crimes commis en RDC.
« C’est ici le lieu de dissiper toute équivoque et de porter un démenti sanglant aux allégations fallacieuses des dirigeants rwandais qui invoquent à qui veulent les entendre, d’une part, la prétendue collaboration entre officiers de l’armée congolaise et le commandant des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), alors que j’ai changé le leadership de l’armée depuis plusieurs mois et, d’autres part, le discours de la haine tribale contre les populations dites rwandophones qui seraient persécutés ou menacés de genocide en RDC. Et cela pour justifier leurs crimes dans mon pays et obtenir la mansuétude de certains pays », avait déclaré le président congolais Félix Tshisekedi lors de son discours à la 52ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Entre Kinshasa et Kigali, les relations sont toujours tendues à cause du soutien continu de l’armée rwandaise aux rebelles du M23.