La France a noté quelques signes d’amélioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, même si autour de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, « la situation reste instable ». C’est ce qu’a dit Alexandre Olmedo, coordinateur politique adjoint de la France auprès de l’ONU lors de la réunion du Conseil de sécurité tenue mercredi 19 avril 2023 sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Le diplomate français a encouragé toutes les parties à poursuivre le chemin de la désescalade et de la paix. Il a, dans la foulée, rappelé les trois principes cardinaux de l’Accord-cadre pour la région : « Ne pas soutenir les groupes armés, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats voisins, ne pas héberger ni fournir de protection aux personnes accusées de crimes internationaux ».
Pour la France, ces principes et l’ensemble des engagements de l’Accord-cadre doivent être respectés par toutes les parties car, précise Alexandre Olmedo, le prochain sommet du Mécanisme régional de suivi devra donner une nouvelle impulsion à cet égard, en complément des efforts engagés dans le cadre des processus de Nairobi et de Luanda.
« La France salue l’appui apporté par les Nations unies aux processus de paix régionaux. La MONUSCO et l’Envoyé spécial doivent soutenir les mécanismes de vérification, en particulier celui déployé par l’Angola. Il faut que les besoins de ces mécanismes soient précisés. L’établissement d’un Bureau conjoint des mécanismes de vérification permettra de favoriser leurs synergies et la cohérence de leurs travaux », a-t-il dit, soulignant que le soutien des Nations unies doit se poursuivre pour préparer la quatrième série de consultations intercongolaises dans le cadre du processus de Nairobi.
« L’Union européenne restera un partenaire engagé dans la région des Grands Lacs »
Alexandre Olmedo a rappelé qu’en février dernier, l’Union européenne a adopté une stratégie renouvelée pour la région. Cette stratégie, a-t-il expliqué, poursuit trois objectifs : « la paix, la gestion durable des ressources naturelles et l’intégration régionale ».
« L’Union européenne saura aussi agir par des sanctions si cela était nécessaire », a-t-il prévenu.
Par ailleurs, il a indiqué que parmi les autres volets de l’engagement européen, il y a la stratégie « Global Gateway » (Portail mondial en français), qui vise notamment à renforcer les interconnexions entre les réseaux d’électricité et les efforts pour accroître l’approvisionnement en énergies renouvelables.
Il a précisé que la stratégie européenne est alignée sur celle des Nations unies pour la région des Grands Lacs, que la France soutient.
« Répondre à la dégradation de la situation humanitaire et lutter contre les causes profondes des conflits »
Des millions de personnes, notamment des femmes et des enfants, ont besoin d’aide humanitaire. L’accès humanitaire doit être assuré et la sécurité des personnels humanitaires garantie, a indiqué le diplomate français.
Olmedo a expliqué que son pays a soutenu le pont aérien de l’Union européenne à destination de Goma depuis mars dernier, pour y apporter 140 tonnes de fournitures médicales et nutritionnelles.
Conformément aux engagements du Président Emmanuel Macron, la France apporte, en 2023, une aide humanitaire de 34 millions d’euros, a-t-il ajouté.
« La France salue les avancées dans la mise en œuvre de la déclaration de Kinshasa sur le renforcement de la coopération judiciaire. La protection des droits de l’Homme et la lutte contre l’impunité sont nécessaires. Les efforts doivent redoubler pour prévenir les discours de haine et les incitations à la violence », a-t-il dit.
Le pays de Macron a aussi condamné le pillage des ressources naturelles dans la région, qui alimente les activités des groupes armés. Les Etats des Grands Lacs et leurs partenaires doivent lutter contre les trafics et s’unir pour améliorer les chaînes de valeur, a recommandé Alexandre Olmedo.