Spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs et des conflits armés, Charles Onana tempête contre la communauté internationale qui, en dépit de plus de 10 millions de morts et 500 000 femmes violées dans l’Est du territoire congolais, maintient sa politique de double standard, en développant des incohérences entre sa réponse notamment à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et sa réaction à l’agression de la RDC par le Rwanda.
L’auteur du livre « L’holocauste au Congo. L’omerta de la Communauté internationale », qui démontre que l’on assiste, depuis 1994, à l’invasion masquée du Congo par des milices et des troupes de Paul Kagame, le chef de l’Etat rwandais soutenu au départ par l’administration Clinton (USA) et ensuite par la France, a exigé des sanctions internationales contre le Rwanda « pour violation du droit international ».
Dans une interview accordée à la Radio Vatican, le journaliste camerounais s’est étonné que l’armée de Kagame qui dit avoir stoppé le génocide au Rwanda envahisse aujourd’hui la République démocratique du Congo.
Selon lui, si la Communauté internationale veut aider le Congo, elle doit prendre en compte le fait que le génocide du Congo ne doit pas être oublié, car l’holocauste qui se déroule dans ce grand pays d’Afrique centrale est quelque chose « d’extrêmement grave ». Les Congolais sont, à ses yeux, victimes d’un crime contre l’humanité.
« …Si vous lisez mon livre «Holocauste au Congo», je parle de la situation géopolitique dans laquelle le Congo a été plongé depuis 1994 lors des événements du Rwanda. Le Congo n’était pas mêlé aux événements du Rwanda. Mais ceux qui disent avoir stoppé le génocide au Rwanda, c’est-à-dire l’armée patriotique rwandaise, dirigée à l’époque par Paul Kagame, sont aujourd’hui ceux qui ont envahi le Congo, qui investissent le territoire congolais en violation du droit international public. Et je pense que le minimum, c’est de dénoncer cela et de considérer que la Communauté internationale doit sanctionner le Rwanda comme ils ont sanctionné l’Irak au moment où il avait envahi le Koweït. Tout comme l’on peut ramener ça à l’actualité d’aujourd’hui, c’est-à-dire qu’il y a eu des sanctions contre la Russie parce qu’elle a envahi le territoire ukrainien. Qu’est ce qui peut donc expliquer que d’un côté, on sanctionne l’Irak pour violation du droit international, on sanctionne la Russie, et de l’autre, on ne sanctionne pas le Rwanda pour violation du droit international? », a-t-il dit.
Charles Onana ne comprend pas pourquoi les pays membres du Conseil de sécurité s’expriment beaucoup sur le génocide rwandais, mais entretiennent un mutisme sur le drame de la RDC, « où l’on compte déjà plus de morts que ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 ».
« Il est étonnant que les pays membres du Conseil de sécurité ne s’expriment pas. L’Union européenne ne s’exprime pas. Tout au contraire, elle apporte une certaine aide, je dirais financière, au Rwanda, dont les troupes sont, d’après les rapports des experts de l’ONU que vous évoquez, au Congo. Ces rapports attestent que le Rwanda occupe le territoire congolais, appuie le mouvement terroriste M23. Et donc, il est évident aussi que ni l’Union européenne ni le Conseil de sécurité n’ont adopté des sanctions concernant cette action, qui est une violation de la souveraineté du Congo et une violation du droit international public. On peut donc dire logiquement qu’il y a inaction et il y a également un silence sur les millions de Congolais qui sont exterminés sur leur territoire », a-t-il tonné.
« L’holocauste au Congo. L’omerta de la Communauté internationale »
Dans son livre paru en avril 2023, Charles Onana dévoile, à partir de témoignages exclusifs et de documents de la CIA, du Pentagone, des archives de la Maison Blanche, de l’Elysée et de l’Union Européenne, comment les USA ont formé Paul Kagame, « homme sans foi ni loi », pour servir leurs intérêts en RDC, en République centrafricaine, au Congo-Brazzaville, et dans d’autres états d’Afrique centrale où la guerre entre l’Occident, la Chine et la Russie est féroce pour le contrôle des ressources minières stratégiques.
L’auteur alerte l’opinion sur l’extermination programmée des populations locales alors que plusieurs chefs d’Etats de la région et un ambassadeur européen ont déjà été assassinés. Charles Onana explique surtout comment la mise à mort de la RDC est organisée en utilisant la terreur et le mensonge dans le dessein de faire main basse sur des minerais indispensables à l’industrie mondiale de l’armement, de la téléphonie mobile et de la transition énergétique.