Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a été interpellé jeudi à la Chambre des représentants par le député Michel De Maegd, sur les 30 ans du génocide rwandais. Dans son intervention, De Croo a indiqué que, la commémoration de cette tragédie est aussi l’occasion de demander à l’administration Kagame de mettre fin aux interventions des Forces rwandaises de défense (RDF) sur le territoire congolais.
Le génocide rwandais de 1994 avait ouvert la voie à la déstabilisation de l’Est de la RDC. Des soldats génocidaires avaient fui vers la République démocratique du Congo (RDC), entraînant avec eux 1,4 million de civils, dont une majorité de Hutus, qui étaient ciblés par le FPR de Paul Kagame. Ces attaques furent l’un des facteurs de la guerre en 1996 entre le Rwanda et la RDC. Depuis, l’armée rwandaise mène des opérations sur le territoire congolais.
30 ans après, alors que les RDF et le M23 occupent plusieurs localités au Nord-Kivu, Alexander De Croo pense que, c’est le moment de demander que cessent les hostilités dans l’Est du Congo et que la souveraineté du territoire congolais soit respectée.
« Il est très clair que l’aide au M23, par exemple, doit être arrêtée. Et du côté congolais, il convient de démontrer qu’il n’y a plus d’aide aux FDLR. La population dans l’Est du Congo subit des violences depuis des décennies. C’est un des conflits les plus longs qui existent. C’est en effet le moment de demander aux Rwandais de prendre leurs responsabilités et de démontrer qu’il n’y a plus d’ingérence sur le territoire congolais », a déclaré le Premier ministre belge.
Le député Michel De Maegd a, quant à lui, suggéré au gouvernement belge de profiter de la commémoration du génocide rwandais « pour intensifier un dialogue qui doit être franc avec le Rwanda afin de pacifier les relations entre Kigali et Kinshasa car 30 ans plus tard, la situation militaire dans l’Est du Congo est dramatique ».
Selon lui, cela doit être l’occasion de rappeler l’inviolabilité de la souveraineté congolaise sur son sol, la propriété de ses richesses minières et la sécurité des Congolais dans leur propre pays. « Nos amis congolais comptent sur nous et comptent sur vous, monsieur le premier ministre », a-t-il dit à Alexander De Croo.
De Croo n’ira pas à Kigali
La commémoration des trente ans du génocide rwandais se déroulera le 7 avril. Alexander De Croo qui a reçu une invitation personnelle de la part de Paul Kagame ne fera pourtant pas le déplacement de Kigali.
« Je ne suis pas dans la capacité d’y aller, mais nous serons représentés par nos ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Le gouvernement a mandaté la ministre Dedonder et la ministre Lahbib pour représenter notre pays à Kigali, pour y rappeler notre proposition face au poids de l’histoire dans la sérénité et dans le recueillement ainsi que pour rendre hommage aux dix commandos belges de Flawinne qui ont perdu la vie à un moment tout à fait dramatique », a-t-il annoncé aux députés.
Le Premier ministre a soulevé l’importance de conserver le devoir collectif de se souvenir de ce qui s’est passé au Rwanda : « un génocide perpétré contre les Tutsis, une atrocité et une inhumanité dont la Belgique a indiqué par le passé vouloir assumer sa part de responsabilité, des faits pour lesquels la Belgique a présenté ses excuses en 2000, des faits que nous devons, trente ans plus tard, oser affronter pour qu’ils ne se reproduisent plus jamais », a-t-il souligné.