Devant plusieurs dirigeants mondiaux, notamment le président israélien Isaac Herzog, le président de l’Union africaine Mohamed Ould Ghazouani, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président du Conseil européen Charles Michel, l’ancien président français Nicolas Sarkozy et l’ancien président américain Bill Clinton, réunis dimanche 7 avril à Kigali, pour les 30 ans du génocide rwandais, Paul Kagame a de nouveau accusé la RDC de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une rébellion qui trouve ses racines dans le génocide de 1994.
Le président rwandais a, dans son discours, fait remarquer que lorsque les forces génocidaires ont fui vers le Zaïre (République démocratique du Congo), en juillet 1994, avec le soutien de leurs partenaires extérieurs, « elles ont juré de se réorganiser et de revenir pour achever le génocide ».
Selon Paul Kagame, les FDLR ont mené des centaines d’attaques terroristes transfrontalières à l’intérieur du Rwanda au cours des cinq années suivantes, ciblant non seulement les survivants, mais aussi d’autres Rwandais qui avaient refusé de s’exiler, faisant des milliers de morts supplémentaires.
Aujourd’hui, a-t-il dénoncé, « les restes de ces forces se trouvent dans l’Est du Congo, où ils bénéficient du soutien de l’État, sous la vue des soldats de maintien de la paix des Nations Unies. Leurs objectifs n’ont pas changé, et la seule raison pour laquelle ce groupe, aujourd’hui connu sous le nom de FDLR, n’a pas été dissous, est que sa pérennité sert des intérêts tacites ».
La conséquence de cette situation est que, des centaines de milliers de réfugiés tutsis congolais vivent au Rwanda et ailleurs, « complètement oubliés, sans aucun programme d’action pour leur retour en toute sécurité », a-t-il fustigé, en se demandant : « avons-nous vraiment tiré des leçons ? »
Dans la foulée, Kagame a condamné l’appui militaire de certains pays africains à la RDC pour combattre le M23, une milice Tutsi, alors qu’au pays de Félix Tshisekedi, « la politique tribale prend une importance renouvelée et que le nettoyage ethnique est préparé et pratiqué ».
« Qu’est-ce qui nous est arrivé? Est-ce l’Afrique dans laquelle nous voulons vivre ? Est-ce le genre de monde que nous voulons ? », s’est interrogé de nouveau, souligant que la tragédie du Rwanda est un « avertissement » car, prévient-il, le processus de division et d’extrémisme qui conduit au génocide peut se produire n’importe où, s’il n’est pas maîtrisé.
Les tensions persistent entre la RDC et le Rwanda. Les deux pays s’accusent mutuellement de soutenir les groupes armés (M23 et FDLR). Si le soutien rwandais au M23 a été confirmé par l’ONU, celui de la RDC aux FDLR n’est pas encore prouvé. Pour Kinshasa, il s’agit d’un alibi utilisé par Kigali pour maintenir la présence de ses troupes au Nord-Kivu. Des initiatives diplomatiques sont actuellement menées par l’Angola pour résoudre pacifiquement ce conflit.