La coordonnatrice nationale des Femmes engagées pour la paix en Afrique (FEPA), Pétronille Vaweka, a participé mercredi au briefing du Conseil de sécurité sur la situation sécuritaire et humanitaire dans la région des Grands Lacs. Dans sa déclaration, elle a évoqué la crise à laquelle les femmes sont confrontées dans l’Est de la RDC. Selon elle, « les corps des femmes, autrefois sacré, est devenu l’objet de souffrances indescriptibles, la cible de mutilations, de viols et d’autres formes de violence inimaginable, souvent perpétrées devant leurs familles ».
La lauréate du prix américain pour la paix, Women Building Peace 2023, a dénoncé le fait que les 30 ans de violences, d’atrocités et de déplacements massifs, orchestrés par des groupes armés tant nationaux qu’étrangers, conjugués au manque de protection des populations civiles, ont plongé l’Est de la République démocratique du Congo dans un état d’insécurité chronique.
« Nos communautés sont aux prises avec des conflits sans fin, manipulées et incitées à tuer d’autres communautés parmi nous au profit de ceux qui pillent nos ressources naturelles. Nos téléphones, nos ordinateurs, nos voitures électriques et autres gadgets électriques sont directement liés aux souffrances et à la mort des populations des Grands Lacs africains », a-t-elle déploré, précisant cependant que les femmes de la région ne sont pas que des victimes, elles ont des acteurs engagés dans la quête de la paix et de la sécurité.
Selon Pétronille Vaweka, les femmes ont réussi à réduire l’activité des groupes armés et ont contribué à réconcilier les communautés en conflit. Dans ce cadre, elle a raconté l’histoire de « Rachel », une femme de 30 ans de la province de l’Ituri, qui a été enlevée, retenue captive et violée pendant des mois. Laissée mourante sur le bord de la route, elle a finalement été soignée et a ensuite rejoint une unité de médiation pour des groupes armés, en quête de paix afin que d’autres femmes et filles puissent éviter son calvaire.
« L’histoire de Rachel illustre la résilience des femmes congolaises », a-t-elle dit, appelant au soutien d’une paix et d’une sécurité durables dans la région et à la pleine mise en œuvre des efforts « visant à transformer les minéraux du sang en minéraux pour la vie » grâce à un commerce équitable dont toutes les parties bénéficient.
L’activiste de la société civile a appelé également à la création d’un mécanisme international de suivi pour garantir le respect des engagements et la poursuite des processus de paix dans la région des Grands Lacs ; un soutien accru de la MONUSCO, du bureau de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, de l’Union africaine et de la CIRGL pour engager et impliquer les femmes dans les processus de paix ; un soutien à la mise en œuvre du plan d’action régional de la CIRGL sur la résolution 1325 (2000) du Conseil ; et un soutien substantiel au renforcement des capacités techniques et économiques pour garantir une paix et une sécurité durables dans la région.