« Combattre l’antisémitisme et les discours de haine par l’éducation », tel est le thème de l’événement de haut niveau organisé lundi à New York par l’Unesco et la France, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Dans son intervention, le rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a dénoncé la « haine anti-Tutsi » dans l’Est de la RDC, alors que les relations entre Kigali et Kinshasa sont très tendues depuis fin 2021, en raison du soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23, une milice majoritairement tutsi opérant dans la province du Nord-Kivu.
Devant les représentants de plusieurs pays et organisations internationales, dont Alice Wairimu Nderitu, conseillère spéciale du secrétaire général des Nations unies pour la prévention du génocide, le chef de la diplomatie rwandaise a affirmé que les discours de haine « anti-Tutsi » ont atteint des niveaux alarmants dans la partie orientale de la RDC.
Selon Olivier Nduhungirehe, la « population tutsie congolaise » continue d’être confrontée à la violence et est forcée de fuir ses foyers en raison de son appartenance ethnique.
« La situation actuelle me rappelle l’histoire de mon pays, marquée par le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994. Il y a trente ans, les discours de haine ont joué un rôle central dans la mobilisation des auteurs de ces crimes pour qu’ils commettent des actes de violence. Le génocide est le résultat de décennies de haine institutionnalisée contre les Tutsis, illustrée par des politiques discriminatoires et une propagande généralisée dans les écoles et les institutions religieuses », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une éducation positive, inclusive et tolérante pour mettre fin à la haine sous toutes ses formes.
Les tensions restent vives entre le Rwanda et la RDC, en dépit d’efforts de médiation de l’Angola. Kinshasa, qui dénonce la violation de son intégrité territoriale par Kigali, continue d’exiger des sanctions internationales contre son voisin. Avec l’appui de l’UA, le gouvernement congolais a réussi à obtenir le soutien onusien à la Force régionale de la SADC déployée depuis décembre 2023 au Nord-Kivu pour traquer le M23.
Lors de son intervention dimanche du haut de la tribune de l’ONU, à l’occasion du sommet du futur, le ministre rwandais des Affaires étrangères a appelé la communauté internationale à abandonner les anciennes méthodes de maintien de la paix et de la sécurité et favoriser le dialogue et les stratégies de collaboration pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et promouvoir la paix et la sécurité à long terme.