Les présidents Emmanuel Macron de la France et João Lourenço de l’Angola ont appelé jeudi à la reprise des discussions de paix entre la RDC et le Rwanda, alors que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Forces rwandaises de défense (RDF) continuent de s’affronter au Nord-Kivu en violation de l’accord de cessez-le-feu signé fin juillet 2024 à Luanda.
João Lourenço, qui s’apprête dans quelques semaines à prendre la présidence de l’Union africaine, a été reçu par Emmanuel Macron, à Paris. Les discussions entre les deux personnalités ont porté notamment sur le conflit entre Kinshasa et Kigali, le président français appelant à la reprise du dialogue entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame.

« Je veux saluer votre rôle, monsieur le président, en faveur de la paix en Afrique. Nous avons évoqué la crise dans les Grands Lacs, et nous y reviendrons. La France soutient votre investissement sans relâche dans le cadre du processus de Luanda. La priorité, en effet, dans les Grands Lacs, doit aller au dialogue, à la recherche d’une paix durable dans le respect de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo », a-t-il déclaré devant la presse.
En dépit d’intenses combats, Macron a plaidé pour la poursuite de la dynamique de paix initiée par Lourenço, médiateur dans cette crise, qui a déplacé plus de 7 millions de civils. « Ensemble, nous appelons solennellement à la reprise des discussions au plus haut niveau », a-t-il ajouté, assurant que la France, entant que partenaire proche, entend soutenir cette médiation et ses initiatives de paix.

Alors que Kinshasa et Kigali continuent de se regarder en chiens de faïence, le président angolais reste optimiste quant à l’issue de ce conflit.
« Nous avons parlé des conflits dans le monde. Malheureusement, sur tous le continent (africain), la situation est difficile et préoccupante… Nous avons parlé du conflit entre la République démocratique du Congo et la République du Rwanda, dans lequel l’Angola joue le rôle de médiateur, faisant un effort pour voir si nous pouvons mettre fin à ce conflit qui dure depuis des décennies », a-t-il dit.
Entre la RDC et le Rwanda, les conditions et le calendrier du désengagement de l’armée rwandaise ont été au cœur des désaccords, retardant la conclusion d’un accord de paix. Kinshasa a rejeté la condition de Kigali qui ne voulait retirer les troupes rwandaises seulement qu’une fois que les FARDC auraient pris des mesures ciblées contre les FDLR.
Dans leur rapport transmis fin 2024 au Conseil de sécurité, les experts de l’ONU a indiqué que la RDC a également refusé de signer le « plan de neutralisation des FDLR et de désengagement des RDF » convenu par les chefs des services de renseignement des deux pays. Selon le même document, plusieurs responsables congolais et des généraux des FARDC craignaient qu’accepter les conditions fixées par le Rwanda ne permette le maintien indéfini de la présence des FARDC en cas d’échec du plan de neutralisation.