La posture escalatoire du Rwanda n’a pas été une barrière pour les Eglises catholique et protestante de la RDC. Dans l’espoir de désamorcer la crise rwando-congolaise, la délégation CENCO-ECC a échangé avec le président rwandais Paul Kagame, jeudi 13 février à Kigali, plus d’une semaine après l’entretien qu’elle a eu à Kinshasa avec Félix Tshisekedi.
Alors que l’armée rwandaise poursuit son expansion territoriale dans l’est de la RDC, la CENCO et l’ECC tentent d’arrimer Paul Kagame au pacifisme. Selon la Commission justice, paix et sauvegarde de la création de l’Eglise du Christ au Congo, cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’initiative du « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ».
Principal artisan de l’insécurité dans la région des Grands Lacs, mauvais voisin, selon le président burundais Evariste Ndayishimiye, Paul Kagame ne semble pas prêt à changer de position. L’homme fort de Kigali est même déterminé à affronter les sanctions internationales.
Cependant, les princes des Eglises catholique et protestante restent convaincus qu’une issue heureuse sera trouvée dans le cadre de leur médiation qui vise « la bonne entente avec les pays voisins de la RDC tout en respectant l’intégrité territoriale de chaque État ».
Le pacte présenté à Paul Kagame entend renouer avec les bonnes traditions des ancêtres, qui savaient «sagement» résoudre leurs problèmes sous l’arbre à palabre. L’objectif final est de développer les pays des Grands lacs à partir d’une « culture de bon voisinage transfrontalier », sans forcément verser le sang de milliers d’innocents.
C’est dans ce cadre que les deux églises militent pour la tenue d’une « Conférence internationale pour la paix, le co-développement et le bien-vivre-ensemble dans les Grands Lacs », jugée nécessaire pour mettre fin aux conflits transfrontaliers.
Cette initiative est soutenue notamment par le Parlement européen, qui a invité jeudi la communauté internationale et tous les acteurs concernés à utiliser l’accord-cadre d’Addis-Abeba et à organiser une conférence internationale pour la paix dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs.
Cette conférence sur le « commerce pour la paix » aura, selon les eurodéputés, pour caractéristique unique de permettre au secteur privé de s’asseoir à la table des négociations de paix, étant donné que la guerre concerne les minerais stratégiques. Le Parlement européen est d’avis que l’approche du « commerce pour la paix » peut contribuer aux progrès dans la recherche d’une solution.