En dépit de ses 54 % des réserves mondiales de platine, 78 % de celles de diamant, 40 % de celles de chrome et 28 % de celles de manganèse, l’Afrique peine toujours à émerger. Cette situation est favorisée notamment par des foyers de tensions, qui sévissent dans plusieurs régions. Dans cet environnement où résonnent les coups de feu, il est difficile de développer une économie florissante.
De la Lybie en République démocratique du Congo, passant par le Mali, la Centrafrique, le Tchad et la Somalie, l’insécurité se porte bien. Plusieurs centaines d’Africains sont massacrés. Et la solution durable tarde à arriver. Les différentes missions de paix déployées par les Nations unies ont démontré leur limite. Le patron de l’ONU a, lui-même, reconnu l’impuissance des casques bleus. Guterres est maintenant convaincu que le solution viendra de la mise en place des forces robustes africaines. Comme pour dire : au problème africain , une solution africaine.
Soucieux d’instaurer une stabilité permanente, le continent a conçu l’ Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) comme un ensemble d’outils fonctionnels autour du Conseil de paix et de sécurité (CPS), avec pour vocation de répondre d’une manière globale et entièrement complémentaire à un certain nombre de problèmes complexes inhérents à des situations de crise.
La Force africaine en attente (FAA) constitue l’une des composantes majeures de l’APSA dont le rôle dans les opérations de soutien à la paix, tel qu’adopté en 2004, trouve sa véritable impulsion politique dans l’Acte constitutif de l’UA adopté en 2000. Celui-ci donne, en effet, à l’UA le droit d’intervenir dans un Etat membre, en cas de circonstances graves, à savoir les crimes de guerre, les génocides et crimes contre l’humanité.
Cependant, depuis sa création, cette force n’a jamais été opérationnelle, le financement pose problème. Les pays n’ont pas engagé les ressources nécessaires. Ils ont privilégié la constitution des coalitions armées régionales.
Un autre frein au déploiement de la FAA est que certains pays refusent l’intervention de l’UA en invoquant le principe de la souveraineté dans les affaires intérieures.
Les analystes attribuent ce problème au pouvoir qu’ont les blocs régionaux sur les décisions liées à la paix et à la sécurité, qui découle d’un principe de subsidiarité peu clair entre les régions et l’UA. Cette ambiguïté concernant les rôles et les responsabilités fait que les pays préfèrent recourir à des dispositifs de sécurité ad hoc, plutôt qu’à la FAA.
Lors de la cérémonie inaugurale de la 8ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, Macky Sall, président sortant de l’Union africaine (UA), a soulevé la nécessité de rendre opérationnelle la force africaine en attente et de financer, de façon plus adéquate, le fonds de paix de l’organisation continentale.
« Nous ne pouvons pas compter toujours sur le financement extérieur pour assurer notre propre sécurité et bâtir une architecture de paix viable », a-t-il indiqué.
Le concept de la FAA est celui d’une capacité de réaction rapide, qui permettrait à l’Afrique de faire face rapidement, à une situation de crise, sans se heurter à des obstacles politiques ou aux lourdeurs administratives. Il s’agit d’une mutualisation, entre Etats membres, de moyens militaires, civils et policiers pour la résolution des conflits et des opérations de soutien à la paix en Afrique.
Il est donc plus qu’urgent d’activer cette force, au regard des enjeux de l’heure. Le Forum inaugural sur les enseignements tirés (LLF) des opérations de l’UA en matière de soutien à la paix (OSP) et de la Force africaine en attente (FAA) organisé du 1er au 3 novembre 2022 à Abuja au Nigeria, a noté qu’il est nécessaire de reconceptualiser la FAA et de l’aligner sur les pratiques et réalités actuelles des OSP, en utilisant les leçons tirées des expériences des 27 OSP menées au cours des 20 dernières années.
L’objectif de la reconceptualisation de la FAA devrait consister à améliorer son cadre, son utilité et son efficacité, en tenant compte du contexte actuel des conflits, qui a entraîné le déploiement de coalitions ad hoc. Cela montre donc la nécessité d’une reconceptualisation pour garantir une FAA forte et adaptée à son objectif, afin d’assurer sa pleine opérationnalisation et utilisation.
Reagan Ndota