Alors que la République démocratique du Congo (RDC), déchirée dans sa partie Est par des conflits armés, a besoin d’une Monusco offensive pour restaurer la paix et la sécurité, l’ONU insiste, quant à elle, sur le mandat non-offensif des casques bleus.
Clôturant sa mission dimanche à Goma, la délégation du Conseil de sécurité a rappelé qu’il ne revient pas à la Monusco d’attaquer les groupes armés qui sèment le chaos dans cette région. Le représentant permanent de la France à l’ONU, Nicolas de Rivière a souligné que les casques bleus sont là pour protéger les populations civiles.
« Il y a une répartition des rôles, la Monusco est là aussi pour protéger les civils, donc défendre les populations. Attaquer des groupes ne fait pas partie de son mandat », a-t-il dit.
Pour le diplomate français, ce sont les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) qui ont la responsabilité d’éradiquer les groupes armés.
« Les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) sont chargées de la sécurité du pays, c’est un pays souverain avec son armée et l’armée congolaise doit également agir contre les groupes armés, c’est principalement la responsabilité des FARDC, ce n’est pas celle de la Monusco », a-t-il souligné.
La Monusco n’est pas en opération de guerre
Le plaidoyer des autorités congolaises semble ne pas avoir trouvé un écho favorable auprès de l’ONU. Le ministre des Affaires étrangères de la RDC a, lors des échanges avec la délégation onusienne, martelé sur la nécessité de rénover le partenariat avec les Nations unies et de muscler le mandat de la Monusco en mettant à sa disposition les moyens nécessaires pour ramener la paix et la sécurité dans l’Est de la RDC.
« Cela nécessite également que la Monusco soit réajustée. Si on veut avoir une Monusco qui travaille, qui est légitime aux yeux des congolais, il faut revoir, muscler son mandat et lui donner des moyens qu’il faut. Autrement, il ne sert à rien de jeter des hommes, des femmes, militaires ou civils dans une affaire pour laquelle, ils n’ont pas les moyens », a-t-il indiqué.
L’ONU ne voit pas les choses sous cet angle. Le Conseil de sécurité a fait remarquer que la Monusco n’est pas en opération de guerre en RDC.
« La Monusco est une opération de maintien de la paix, on le voit, les véhicules sont blancs, les soldats ont les casques bleus ou bérets bleus, ce n’est pas une opération de guerre, c’est une opération de maintien de la paix », a affirmé Nicolas de Rivière.
Par la résolution 2666 (2022), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil de sécurité avait décidé de proroger d’un an, jusqu’au 20 décembre 2023, le mandat de la Monusco, rappelant que sa priorité « est accordée à la protection des populations civiles » menacées de violences physiques, une « protection efficace, rapide, dynamique et intégrée » qui doit être assurée par « toutes les mesures nécessaires ».
Plus spécifiquement, la Monusco doit prévenir, dissuader et empêcher les groupes armés et les milices locales de se livrer à des violences contre la population et mener des offensives « ciblées et énergiques » en vue de les neutraliser.
Les casques bleus devraient maintenir un déploiement préventif et une présence « mobile, flexible, robuste et efficace », notamment en organisant des patrouilles actives, « pédestres et motorisées », en particulier dans les zones à haut risque.