Alors que Kigali nie son implication dans la déstabilisation de la RDC, Kinshasa de son côté mobilise sans relâche la communauté internationale pour des sanctions contre le régime Kagame. Pour le président congolais, il est clairement établi que le Rwanda soutient et arme les terroristes du M23, qui occupent quelques localités dans la province du Nord-Kivu.
Dans une interview accordée à The Times, le président de la RDC n’a pas été tendre à l’égard de son homologue rwandais. Félix Tshisekedi a décrit Paul Kagame comme « un dictateur criminel et sanguinaire ».
La partie orientale de la République démocratique du Congo est ravagée, depuis plus de deux décennies, par les violences armées alimentées notamment par le Rwanda. Et la résurgence du M23 au Nord-Kivu a tendu les relations entre Kinshasa et Kigali. Selon les autorités congolaises, c’est le Rwanda qui a armé ce mouvement défait pourtant en 2013, afin de piller les ressources minières.
D’après Kinshasa, cette agression est accompagnée, comme auparavant, « des violations graves et massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire constitutives de crime d’agression, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et du crime de génocide ainsi que des écocrimes voire de l’écocide ».
Par ailleurs, à The Times, le président de la République démocratique du Congo a dressé un bilan accablant de l’accord conclu entre la Grande-Bretagne et le Rwanda en matière d’immigration, qui, selon lui, a été conclu en échange du silence de Londres sur les exactions commises par le régime du président Kagame.
« Comment un pays aux grandes valeurs comme le Royaume-Uni peut-il faire des compromis avec de telles partenaires ? » a-t-il demandé alors que la ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman, se rendait au Rwanda pour finaliser l’accord sur le refoulement des immigrés clandestins.
Félix Tshisekedi a accusé la Grande-Bretagne de « fermer les yeux » sur les abus de Kagame, sur le bilan antidémocratique de celui-ci et les atrocités commises par son armée supplétive dans l’est du Congo, riche en minerais. Cette évaluation de Tshisekedi est diamétralement opposée à la description du Rwanda faite par la ministre britannique de l’intérieur qui qualifie ce pays-là « d’un modèle dans la région ».
« Il semble que l’accord sur l’immigration ait plus de valeur pour le Royaume-Uni que le soutien à la paix et à la stabilité en RDC », a déclaré Tshisekedi.
Le gouvernement congolais a indiqué que l’acte d’invasion rwandaise a été révélé, le 24 mai 2022, lorsque les forces armées rwandaises sont entrées sur le territoire congolais sans qu’elles n’y soient invitées ni autorisées.
Le Groupe d’experts de l’ONU rapporte des faits vécus par des témoins oculaires, des sources des FARDC, des acteurs de la société civile et des autorités locales de même que des images aériennes ainsi que des preuves photographiques, qui démontrent que des éléments de l’armée rwandaise ont été vus en grand nombre marchant en colonnes et franchissant les frontières du territoire congolais par au moins quatre points d’entrée à savoir Kabuhanga, Chegera, Kibaya et Kasisi20.
Cette entrée des éléments de RDF sur le sol congolais, au-delà de la frontière séparant les territoires des deux Etats est un acte avéré d’agression du Congo par le Rwanda, surtout que ces forces, rapportent plusieurs sources, ont procédé à des attaques armées notamment contre les positions des FARDC, a condamné Kinshasa.