Les rebelles du M23 se sont retirés de Kishishe, village situé dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, où ils avaient massacré en novembre 2022, selon le rapport de l’ONU, plus de 100 civils. Après leur départ, plusieurs cadavres et fosses communes ont été découverts, scandalisant la communauté nationale et internationale.
Les témoignages recueillis par les médias à Kishishe ont décrit les combattants du M23 comme ayant lancé une chasse à l’homme à Kishishe le 29 novembre, faisant du porte-à-porte et massacrant tous les hommes ou garçons qu’ils trouvaient, a rapporté l’AFP.
Dans sa réaction, l’ambassadeur de l’Union européenne en RDC a laissé entendre que les images et témoignages sur ce massacre « sont édifiants et appellent une condamnation totale ».
Pour Jean-Marc Châtaigner, « l’ouverture d’une procédure judiciaire contre les auteurs de ces crimes, maintenant que le village a été évacué par le M23, est une priorité absolue ».
« L’Union européenne soutient la justice congolaise pour qu’elle établisse les faits et juge les responsables de ces atrocités. Il faut impérativement casser le cycle de violences et d’impunité qui est un des moteurs de la perpétuation de la guerre », a déclaré le diplomate européen.
Châtaigner a ainsi précisé qu’aucune paix durable, aucun travail de réconciliation entre les communautés, aucun programme de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire des anciens combattants des groupes armés, ne pourront être menés à bien, sans que justice ne soit rendue aux victimes.
Du côté du gouvernement congolais, on charge le Rwanda, dont le soutien au M23 a été confirmé par l’ONU.
« Le Rwanda, à travers ses forces armées et en soutien aux terroristes du M23 s’est comporté en génocidaire sur le sol congolais en procédant entre le 29 et le 30 novembre 2022 aux tueries ciblées de membres des tribus ou ethnies bien identifiées situés au village de Kishishe. Les agresseurs ont d’abord tué plus de 102 Hutus congolais, ce groupe que le régime rwandais cherche à venger à tout prix sous prétexte de prévenir un nouveau génocide dans son pays », a condamné la RDC dans son Livre Blanc, qui reprend des faits illicites non exhaustifs constituant des violations du droit international et établissant la responsabilité internationale du Rwanda et son obligation de réparer.
Les autorités congolaises ont évoqué également les meurtres de 95 Nandes et de 30 Hundes.
« Ces paisibles groupes ethniques congolais qui n’ont rien fait et qui auront perdu les leurs tout simplement à cause de leur cohabitation avec les Hutus, cibles jurées du régime de Kigali« , fustige Kinshasa qui estime qu’il ne fait plus aucun doute sur la commission des actes de génocide sur son territoire.