Le président rwandais a remis en cause le tracé colonial, aggravant ainsi l’instabilité dans la région des Grands Lacs. Pour Paul Kagame, la paix durable dans cette partie du continent africain, particulièrement l’Est de la RDC, passe par la redéfinition des frontières héritées de la colonisation.
En visite d’Etat au Bénin, l’homme fort de Kigali, dont la responsabilité dans l’agression contre la RDC est reconnue par la communauté internationale, a allégué qu’une partie du territoire rwandais a été donnée à la RDC lors de la Conférence de Berlin. Cette situation, a-t-il dit, constitue le véritable problème qui doit être résolu afin de pacifier définitivement la région.
Kagame ressuscite une question déjà réglée depuis 1964 par l’OUA (actuellement UA) qui, au Caire, avait adopté la résolution AGH/Res16 (1), dite « intangibilité des frontières coloniales ». Ce principe sacralise les frontières africaines héritées de la colonisation.
Pour le constitutionnaliste congolais, Jacques Djoli, l’Union africaine doit s’assumer face à ces propos qui violent notamment l’article 4 (b) de son acte constitutif.
« Enfin, Kagame sans masque. Le M23 n’est qu’ un condom. Kagame en admirateur du III Reich est allé à Berlin pour dévoiler son plan hitlérien d’occuper l’espace vital congolais au mépris du principe sacro-saint de l’intangibilité des frontières. L ‘UA et l’EAC doivent s’assumer », a déclaré le vice-président de la Commission Défense et sécurité de l’Assemblée nationale.
Le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice, de son côté, pense que le président rwandais a enfin trahi ses appétits expansionnistes et néo-colonialistes.
« Il assume son rôle de commanditaire des crimes graves commis à l’Est de la RDC depuis 25 ans. Tôt ou tard il rendra compte devant la justice pénale internationale », a indiqué Georges Kapiamba.
« Le Rwanda doit être sanctionné »
Pour le député Jean-Baudouin Mayo, la déclaration de Paul Kagame au Bénin remettant en cause le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation est « grave et excessive ».
« Elle appelle une réaction vigoureuse et rapide de notre gouvernement. Le Rwanda doit être sanctionné », a souligné l’ancien ministre congolais du Budget.
Dans le but de mettre fin à la conflictualité des frontières, la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine réunie au Caire, opta en faveur du « principe de l’intangibilité » des frontières en Afrique, le 21 juillet 1964.
Ce principe « déclare solennellement que tous les Etats membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé à l’indépendance ». Il consiste en une interdiction faite aux Etats membres d’exprimer toute revendication territoriale et de vouloir procéder à une modification du tracé colonial au détriment d’un Etat tiers.