A 33 jours de la présidentielle, le candidat Denis Mukwege a dévoilé son plan de paix. Il s’agit d’une « conception holistique de la paix à la forme de l’arbre de la paix, ayant comme racine, le système de défense et de sécurité du territoire national », a expliqué le Prix Nobel de la paix 2018, ce vendredi 17 novembre 2023.
Le premier acte de Denis Mukwege « entant que président de la République démocratique du Congo » sera d’ouvrir ipso facto le chantier de la réforme méthodique du secteur de sécurité qu’il considère comme le fer de lance de la reconstruction nationale, mais surtout « obtenir des forces de sécurité républicaines, apolitiques, professionnelles, opérationnelles, respectueuses du droit international et humanitaire, et des droits humains, en garantissant bien-sûr durablement la sécurisation et la pacification du pays ».
« Mon plan de paix est une conception holistique de la paix à la forme de l’arbre de la paix, ayant comme racine, le système de défense et de sécurité du territoire national stratégiquement organisé sur quatre échelles :1. Les unités de vigie militaire et d’alerte chargées de l’observation et de la surveillance des frontières; 2. Les forces d’intervention rapide dont les unités combattantes seront prédisposées dans des bases de soutien prêtes à se déployer dans leurs zones d’action prédéfinies. Ces unités formeront le gros de forces de la nouvelle armée congolaise; 3. Les forces centrales interarmées, unité décisive dont les outils lourds d’attaque et de défense leur seront dotés en fonction de différentes menaces et de schémas d’évolution de la situation sécuritaire sous-régionale, régionale et internationale. 4 La réforme du corps de police basée sur la formation des policiers. Ainsi, on fera des formations de criminologie, police de frontières, police de mines, police de proximité, police scientifique, police financière, voire même une police contre la cybercriminalité », a-t-il annoncé à deux jours du début de la campagne électorale.
L’Est de la RDC est instable depuis plus de deux décennies. Actuellement quelques localités du Nord-Kivu sont occupées par l’armée rwandaise et les rebelles du M23.
C’est dans ce contexte de crise sécuritaire à implication régionale que Denis Mukwege présente son plan de paix.
Selon lui, ce nouveau système de défense et de sécurité du territoire national aura les urgences suivantes : « – Procéder à un état de lieux général de l’armée, de la police et des services des renseignements, en faisant le recensement des unités et un inventaire exhaustif des armes et munitions, comme première étape pour évaluer les besoins en ressources humaines et en outils de combat, avec comme axes prioritaires d’action : améliorer la gestion des stocks d’armes, mettre en place un système de traçabilité des munitions et des armes mises à la disposition des soldats et des policiers, assurer un respect martial de la chaîne de commandement et forger une armée qui saura distinguer et récompenser les mérites châtier l’indiscipline; – Professionnaliser les structures administratives de l’armée, dont celles qui ont en charge le contrôle de la gouvernance, des opérations de l’armée à travers prioritairement la restructuration du corps des officiers du commandement et d’encadrement; – Améliorer sensiblement les conditions de service, notamment les salaires du soldat et du policier, afin de venir à bout de différentes malaises qui empêchent la performance professionnelle et le comportement éthique dans l’armée et dans la police… – Assurer une vaste campagne de recrutement dans les 145 territoires pour former une armée républicaine, des jeunes soldats au passé vierge d’abus des droits humains, professionnels, recrutés sur la base de la vocation du sacrifice suprême, de la vie pour la défense de la mère patrie. Ils seront adéquatement équipés, convenablement rémunérés et encadrés par des personnels qualifiés et des éléments expérimentés également au passé vierge d’abus… ».
Etant conscient des facteurs endogènes et exogènes de l’instabilité de RDC, Mukwege estime que la paix au Congo ne sera possible qu’en intégrant la dimension sous-régionale dans son plan de paix.
Ainsi, a-t-il souligné, le cadre politique de ce plan de paix poursuivra la mise en œuvre des objectifs de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs, conformément à son pacte et ses protocoles en vue d’instaurer une nouvelle civilisation de la coexistence pacifique des pays de la région, où la sécurité et le co-développement transfrontalier seront les principales règles de vie communautaire régionale.