Dans une correspondance adressée dimanche 3 mars au président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki, le Rwanda s’est opposé au soutien de l’organisation continentale à la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC). L’administration Kagame a estimé que l’appui envisagé par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA à la force militaire de la SADC ne fera qu’exacerber le conflit dans l’Est de la RDC, où la coalition M23-RDF occupe quelques localités.
Après s’être opposé au soutien de l’ONU à la SAMIDRC, Kigali a saisi Moussa Faki pour tenter de bloquer le soutien éventuel que l’Union africaine et d’autres partenaires stratégiques pourraient apporter à la SAMIDRC qui, dénonce-t-il, « combat aux côtés d’une coalition dirigée par les FARDC qui comprend les forces génocidaires des FDLR, des groupes armés locaux à caractère ethnique alliés aux FDLR sous l’égide de Wazalendo et les forces armées burundaises dans le cadre d’un accord bilatéral, ainsi que des mercenaires européens et des sociétés de sécurité militaires privées ».
Pour Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères, la SAMIDRC en tant que force offensive « en coalition » avec ces éléments, ne peut se substituer à un processus politique qui, selon lui, est bloqué par le gouvernement de la RDC.
« Par conséquent, l’Union africaine est priée de ne pas autoriser ni financer la SAMIDRC », a-t-il écrit au président de la Commission de l’Union africaine, accusant la force de la SADC de soutenir la « position belliqueuse » du gouvernement congolais, en se concentrant sur une solution militaire « contraire à l’esprit de toutes les initiatives de paix régionales, y compris le processus de Nairobi dirigé par l’EAC et le processus de Luanda dirigé par l’Angola ».
« Tout soutien de l’Union africaine à la SAMIDRC impliquerait également de soutenir la position offensive du gouvernement de la RDC et compromettrait le règlement pacifique de la crise qui dure depuis des décennies en RDC », prévient Biruta, qui demande à Faki d’utiliser ses bons offices pour encourager le gouvernement de la RDC à rechercher une solution pacifique dans le cadre des processus de Nairobi et de Luanda.
Dans ce contexte, Il a encouragé les membres du Conseil de paix et de sécurité de l’UA à effectuer une visite dans la région des Grands Lacs pour être témoin de la réalité sur le terrain et avoir un véritable aperçu du conflit en cours.
« Le gouvernement du Rwanda souhaite réitérer sa disponibilité à jouer son rôle en soutenant une résolution pacifique du conflit en RDC », a-t-il assuré, affirmant que le conflit a persiste dans l’Est de la RDC parce que la communauté internationale a délibérément ignoré ses causes profondes, notamment le soutien et le maintien des forces génocidaires rwandaises en République démocratique du Congo et le refus de rapatrier des centaines de milliers de réfugiés congolais dispersés dans la région.
Dans une déclaration faite lundi, l’Union européenne a réaffirmé son soutien constant aux processus de Luanda et de Nairobi. Pour l’UE, « Il n’y a pas de solution militaire à cette crise, seulement une solution politique ».
Cette solution doit être obtenue, a insisté Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, à travers un dialogue inclusif entre la RDC et le Rwanda pour s’attaquer aux causes profondes du conflit, visant à mettre en œuvre les décisions prises dans le cadre des initiatives de paix régionales et à garantir le respect des la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de tous les pays de la région.