Alors que la violence sexuelle est encore utilisée comme arme de guerre dans de nombreux conflits, notamment dans l’Est de la RDC, l’Hôpital général de référence de Panzi, au Bukavu, est, selon la reine Mathilde de Belgique, « un refuge d’espoir » pour les victimes.
Dirigé par Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, cet établissement sanitaire a pris en charge plus de 70 000 survivantes de violences sexuelles et plus de 50 000 patientes avec des pathologies gynécologiques de septembre 1999 à mars 2022.
Pour l’épouse du roi Philippe de Belgique, les dirigeants mondiaux devraient s’inspirer de exemple de l’Hôpital de Panzi et continuer à lutter pour un monde dans lequel les femmes ne connaîtront plus l’angoisse et la soumission, mais pourront mettre leur force en œuvre comme architectes de la paix et garantes de la sécurité.
Elle a fait cette déclaration lors de la conférence « 24 ans de programme Femmes, Paix et Sécurité : l’heure du pragmatisme » organisé jeudi 21 mars par la mairie de Tournai, dans le cadre de la présidence belge de l’Union européenne.
« J’aimerais saisir cette occasion pour attirer l’attention une fois de plus sur la nécessité de pouvoir disposer de ce que j’appellerais un “refuge d’espoir” pour les victimes de violences sexuelles. L’hôpital Panzi à Bukavu, que le roi (Philippe) et moi-même avons visité il y a deux ans, est un bel exemple d’un tel havre de paix. Nous avons été fortement impressionnés par la triste réalité et la brutalité des violences sexuelles commises dans cette région instable. Cette visite de terrain nous a confronté à ce qui serait non pas une crise humanitaire mais une crise de l’humanité. Mais nous avons aussi été marqués par le courage exceptionnel des patientes et l’engagement total et inconditionnel du personnel médical. Cette visite de l’hôpital Panzi a renforcé notre foi en la résilience des femmes. Toute initiative qui contribue à promouvoir le respect, la dignité et la justice mérite notre appui », a-t-elle indiqué.
Dans son discours, la reine Mathilde a souligné que les notions « Femmes, paix et sécurité » sont étroitement liées. Il s’agit, a-t-il dit, de garantir la sécurité des femmes, car elles sont les plus vulnérables en cas de conflit ou de troubles, ainsi que reconnaître leur rôle crucial pour créer et préserver la stabilité des communautés.
Elle a souligné que la recherche de la paix et de la sécurité requiert une approche proactive fondée essentiellement sur l’éducation et la prévention.
« L’éducation procure connaissance et aptitudes, elle renforce ainsi la position des femmes dans la société. De plus, elle accroît leur indépendance et leur résilience. Elle améliore leur capacité à défendre leurs droits et ceux de leur communauté. Toutefois, l’enseignement de l’égalité des chances doit également faire partie intégrante de toute formation militaire, afin que les militaires soient en mesure d’agir avec humanité et s’inscrivent dans une culture caractérisée par le respect vis-à-vis des personnes physiquement vulnérables. La prévention revêt également une importance cruciale pour éviter une escalade des conflits. En s’attaquant aux causes sous-jacentes telles que l’inégalité et la pauvreté, on parvient à réduire les tensions et les frustrations. De même, encourager un dialogue au moment adéquat permet de bâtir la confiance », a-t-elle expliqué.
Intervenant comme invité, le médecin directeur de l’Hôpital de Panzi, spécialisé dans le traitement des femmes victimes d’abus sexuels, a partagé ses observations sur ce dossier.
Denis Mukwege a martelé qu’il est essentiel de relever les défis auxquels les femmes sont confrontées pendant les conflits, en République démocratique du Congo, par exemple, où le viol reste une arme de guerre qui ne peut plus être tolérée.
L’objectif de la conférence organisée par la présidence belge du Conseil de l’Union européenne à Tournai était d’aborder la mise en œuvre de l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité » (FPS) dans la perspective de l’inclusion des femmes dans les processus de paix.