Le Japon a alerté sur le risque de la régionalisation du conflit armé en cours dans l’Est de la RDC suite au soutien continu du Rwanda aux rebelles du M23. Shino Mitsuko, représentante permanente adjointe du Japon auprès de l’ONU, préoccupée par la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais, a appelé à la préservation de la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC.
Malgré les appels répétés à la cessation des hostilités du Conseil de sécurité de l’ONU, organe compétent au premier chef pour constater l’existence d’une menace contre la paix ou d’un acte d’agression, le Japon regrette l’introduction de « grandes quantités d’armes sophistiquées sur le théâtre des opérations » par la coalition M23-RDF.
Dans ce contexte, Shino Mitsuko a appelé le Rwanda à mettre fin à son soutien au M23 pour éviter la régionalisation du conflit, car, de plus en plus de personnes en situation de vulnérabilité, notamment des femmes et des enfants, sont victimes de violations et d’abus des droits humains.
« Nous condamnons fermement toutes les formes de violence dans la région. Ils doivent immédiatement cesser les hostilités et déposer les armes…Nous entendons même parler de la présence présumée de troupes étrangères déguisées (armée rwandaise). Le soutien continu, de quelque nature que ce soit, de la part de quelque État que ce soit au M23 et à tout autre groupe armé doit cesser dès maintenant. Un tel soutien ne fait qu’exacerber l’insécurité et augmente la possibilité d’un conflit régional généralisé. Il est de la plus haute importance de préserver la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC », a-t-elle déclaré mercredi 27 mars lors du briefing du Conseil de sécurité sur la RDC.
Le Japon a noté avec une grande inquiétude la poursuite des violents combats entre le M23 et les Forces armées de la RDC. Le récent incident, au cours duquel huit soldats de la paix ont été blessés, « est une conséquence regrettable de ces hostilités », a déploré la diplomate japonaise.
Une « solution politique »
Alors que les combats se poursuivent, le Japon a réaffirmé son engagement à continuer de travailler de concert avec la Monusco et tous les partenaires pour une paix et une stabilité durables dans la région.
Pour le pays du soleil levant, la solution est politique : « Rompre le cycle de violence dans la région nécessite une solution politique à travers des dialogues inclusifs englobant les principales revendications de toutes les parties. Toutes les initiatives régionales doivent être bien coordonnées et guidées par une stratégie politique commune ».
Par ailleurs, Shino Mitsuko a fait remarquer que la détérioration de la situation sécuritaire, des droits de l’homme et de la situation humanitaire dans l’Est de la RDC rend plus difficile la conduite d’un retrait progressif, responsable et durable de la Monusco.
« La mise en place simultanée d’une présence efficace des autorités étatiques et de forces de sécurité suffisantes est essentielle pour éviter tout vide sécuritaire et garantir l’État de droit », a-t-elle souligné, appelant à prioriser absolument la réforme du secteur de la sécurité menée par le gouvernement, en particulier la réforme de la police nationale.
En tant que partenaire de longue date de la RDC dans ce secteur, le Japon, a-t-elle assuré, continue de soutenir les efforts du gouvernement visant à développer la police de proximité grâce au renforcement des capacités et des institutions par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).