Le regain de tensions entre le Burundi et le Rwanda illustre, selon l’ONU, l’aggravation de la crise dans la région des Grands Lacs. Face à cette situation qui risque de conduire à une confrontation militaire aux incidences régionales, l’ONU a invité les deux pays à régler leurs différends par le dialogue.
Les relations entre Gitega et Kigali continuent de se dégrader. Le 11 janvier, le gouvernement burundais a fermé sa frontière terrestre avec le Rwanda, qu’il a accusé d’apporter un soutien aux « malfaiteurs (RED-Tabara) qui veulent du mal aux Burundais ». Selon l’administration Ndayishimiye, le Rwanda a orchestré des « actes d’agression répétitifs » contre le Burundi, en violation du principe de bon voisinage.
Dans son rapport sur le respect des engagements pris dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, couvrant la période du 16 septembre 2023 au 15 mars 2024, le secrétaire général de l’ONU a affirmé que la revitalisation de cet accord offre une occasion cruciale de renouveler le consensus entre tous les pays signataires afin de renforcer efficacement les efforts en faveur d’une stabilisation et d’une paix durables dans la région, à un moment aussi critique.
Selon António Guterres, l’Accord-cadre demeure un élément essentiel de la paix et de la stabilité durables dans la région des Grands Lacs.
« J’invite également le Burundi et le Rwanda à régler leurs différends par le dialogue et à poursuivre le rapprochement salutaire de ces dernières années », a-t-il écrit.
Le Burundi continue d’accuser le Rwanda de soutenir les rebelles RED-Tabara, qui ont lancé plusieurs attaques sur le territoire burundais en décembre 2023 et février 2024. Le 10 décembre, des escarmouches entre RED-Tabara et la Force de défense nationale du Burundi à Gihanga (province de Bubanza) auraient entraîné la mort de trois soldats de la Force.
Le 23 décembre, le groupe RED-Tabara a annoncé qu’il avait tué neuf soldats burundais et un policier lors d’une attaque contre le poste-frontière de Vugizo, dans la province de Bujumbura. Le même jour, la présidence burundaise a annoncé dans une déclaration qu’un attentat terroriste avait fait 20 victimes, dont 12 enfants, 3 femmes et 5 hommes, parmi lesquels 1 policier. Le groupe RED Tabara a nié avoir visé des civils lors de l’attaque de Vugizo. Le 19 janvier, la police et l’armée burundaises auraient renforcé leur présence dans la forêt de Kibira, dans la province de Cibitoke, près de la frontière avec le Rwanda. Le 25 février, le groupe RED-Tabara a lancé deux attaques contre des positions militaires burundaises dans la province de Bubanza, près de la frontière congolaise, qui ont fait au moins six morts et des dégâts matériels.
« Les problèmes persistants que posent les groupes armés étrangers doivent être réglés si l’on veut une paix et une stabilité durables dans la région », a fait remarquer António Guterres, réitérant son appel à tous les pays signataires de l’Accord-cadre pour qu’ils réaffirment leur volonté politique de faire avancer la réalisation effective des engagements régionaux, notamment celui de ne tolérer, de n’aider, ni soutenir de quelque manière que ce soit les groupes armés.