Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est penché mardi sur la protection des civils dans les conflits armés. Dans son intervention, Ernest Rwamucyo, représentant permanent du Rwanda, a exhorté les États membres à s’attaquer aux causes profondes des conflits, notamment les discours de haine, les idéologies génocidaires et la rhétorique politique qui divise.
Alors que les conflits font rage notamment dans l’Est de la RDC, au Soudan, en Somalie, en Syrie et en Ukraine, le diplomate rwandais a souligné que la protection des civils est mieux assurée en premier lieu par la prévention des conflits armés.
« Même si la responsabilité première de la protection des civils incombe aux pays hôtes, le maintien de la paix devrait combler le fossé si ces pays manquent de volonté et de capacités pour cela. Récemment, nous avons assisté à une augmentation des intimidations contre les civils », a-t-il déclaré, soulignant également une manipulation politique accrue et, dans de nombreux cas, des appels à « l’extermination de segments ciblés des communautés dans les zones où les missions de maintien de la paix de l’ONU sont déployées ».
« Cela doit être condamné », a-t-il dit, évoquant les Principes de Kigali sur la protection des civils.
« Alimentés par la mémoire de notre passé, ces principes reflètent l’espoir du Rwanda de réparer les torts des mécanismes de sécurité mondiaux en donnant la priorité aux civils pris au piège de la violence », a expliqué Ernest Rwamucyo.
Notant que son pays est le quatrième plus grand contributeur de troupes de maintien de la paix, il a soulevé l’impératif de fournir au personnel de maintien de la paix en uniforme et civil les ressources nécessaires pour mettre en œuvre le courageux travail de protection des civils.
Selon Joyce Msuya, sous-secrétaire générale de l’ONU aux affaires humanitaires et coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, qui a présenté au Conseil de sécurité le dernier rapport du secrétaire général sur la protection des civils dans les conflits armés, « la situation des civils dans les conflits armés en 2023 était extrêmement désastreuse ».
Au total, les Nations unies ont enregistré à elles seules plus de 33 000 morts civiles dans les conflits armés en 2023, soit une hausse de 72 % par rapport à 2022. Au cours de 21 conflits, a-t-elle noté, plus de 2 300 incidents de violence et autres formes d’interférence contre le personnel médical, les installations, l’équipement, les transports et les patients ont été enregistrés. « Les déplacements forcés restent également une caractéristique déterminante des conflits armés », a-t-elle observé, ajoutant qu’au milieu de l’année, un nombre record de 110 millions de personnes dans le monde avaient été déplacées en raison de conflits, de persécutions, de violences et de violations ou abus des droits humains.
Ce briefing a eu lieu à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1265 (1999) du Conseil de sécurité, qui a fait de la protection des civils une question cruciale pour la paix et la sécurité internationales, et du soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949.