En marge de la retraite ministérielle de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qui se tient du 6 au 8 juillet à Zanzibar, sur la paix et la sécurité, les relations avec les États partenaires et le processus d’intégration, les représentants de la RDC et du Rwanda ont discuté dimanche de la crise qui a tendu les relations entre les deux pays, sous la facilitation des chefs de la diplomatie de la Tanzanie et du Sud-Soudan, en présence des ministres de l’Ouganda et du Kenya, ainsi que le général adjoint de l’EAC chargé des affaires politiques.
Contrairement à Kigali qui, à l’issue de cette réunion informelle, a annoncé la prise « des décisions concrètes » visant à relancer les processus de paix de Luanda et de Nairobi, Kinshasa, de son côté, qualifiant cette rencontre de « cadre consultatif et non décisionnel de l’EAC » a réitéré la primauté de l’initiative dirigée par le médiateur de l’Union africaine, João Lourenço, pour tenter de résoudre ce conflit issu du soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23, qui occupent de pans entiers du Nord-Kivu.
« La RDC réitère la primauté du processus de Luanda pour aborder les tensions avec le Rwanda. La souffrance humaine grave et les déplacements sont dus aux actions violentes des RDF et du M23, et non aux groupes armés locaux. Le forum de la retraite de la EAC ne se substitue pas à l’Union Africaine, qui a mandaté le Processus de Luanda », a indiqué Gracia Yamba Kazadi, vice-ministre des Affaires étrangères de la RDC, qui a représenté le pays à ces assises.
Pour le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, les deux parties ont souligné la nécessité d’une solution politique à la crise dans l’Est de la RDC.
« La réunion s’est déroulée dans un esprit constructif et orienté vers des solutions, et les ministres des deux pays voisins, qui ont fait preuve de bonne volonté, ont souligné la nécessité d’une solution politique à la crise dans l’Est de la RDC. A cet égard, des décisions concrètes ont été prises pour relancer les processus de paix de Luanda et de Nairobi », a-t-il déclaré.
Ces positions contradictoires traduisent la rivalité nettement plus sérieuse entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, dans un contexte d’occupation d’une partie du Nord-Kivu par la coalition M23-RDF.
La réunion de Zanzibar a eu lieu à la veille du briefing du Conseil de sécurité de l’ONU qui examine ce lundi, notamment le rapport du secrétaire général de cette organisation sur un éventuel soutien onusien à la Mission de la SADC en RDC.
Dans ce document, consulté par Afriquactu.net, António Guterres a reconnu que les acteurs régionaux ont pris des mesures louables pour faire face à la crise actuelle dans l’Est de la RDC. Il s’est dit « convaincu » que l’ONU doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la mise en œuvre réussie des processus de paix de Luanda et de Nairobi, menés respectivement par le président de l’Angola, João Manuel Gonçalves Lourenço, l’actuel président de la SADC et médiateur nommé par l’Union africaine, et par l’ancien président du Kenya, Uhuru Kenyatta.
Il a aussi précisé avoir demandé au Conseil de sécurité de donner à la Monusco un mandat clair pour tirer parti de ses capacités logistiques et opérationnelles pour soutenir les forces régionales déployées pour contribuer à créer les conditions d’un dialogue significatif et de solutions politiques durables à la crise actuelle.