La mondialisation a « accentué les inégalités », a dénoncé jeudi le président du Sénégal Macky Sall au cours d’une conférence ministérielle de l’OCDE à Paris, estimant que l’Afrique « continue de subir les déséquilibres » sur les plans économiques, commerciaux et financiers mondiaux.
« Mon point de vue est celui d’un continent qui accuse le plus grand retard dans le processus de développement », a déclaré le dirigeant, également président en exercice de l’Union africaine, lors d’un discours à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
« Nous vivons une sorte de crise des finalités, qui se traduit par le déficit d’accès du plus grand nombre à des conditions minimales d’une vie décente: nourriture, eau potable, soins de santé, logement et éducation », a-t-il énuméré, au moment même où la guerre en Ukraine fait flamber les prix des aliments et risque d’entraîner des famines sur le continent.
« La mondialisation, qui était perçue comme une ère d’échanges et de complémentarité pour une croissance et une prospérité partagées, a plutôt accentué les inégalités », a déploré Macky Sall qui s’exprimait en compagnie du Premier ministre italien Mario Draghi et de Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, une institution qui prône le libre-échange et rassemble 38 pays développés.
Très évoquée dans les déclarations politiques et économiques depuis l’invasion russe en Ukraine et la résurgence du Covid-19 en Chine, la mondialisation est fortement remise en question en raison des lourdes perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, le concept de « démondialisation » étant désormais à la mode dans les milieux économiques.
Le président du Sénégal a par ailleurs reproché jeudi une « inégalité » de traitement des pays africains dans la manière dont ils sont évalués par les agences de notation financière.
Macky Sall a également exhorté le G7 et l’OCDE à tenir compte de la « spécificité » de l’Afrique dans les efforts de décarbonation.
« Nous sommes 1,4 milliard d’habitants sur le continent africain et plus de 600 millions n’ont pas encore accès à l’électricité », a-t-il martelé, répétant un chiffrage déjà brandi en mai.
« Donc quand on dit qu’on ne va plus financer l’énergie fossile, y compris le gaz, qui est beaucoup moins polluant que le charbon ou le fuel, alors il faut savoir qu’on porte atteinte gravement à l’objectif d’accès universel à l’électricité », a-t-il conclu.
Afriquactu et AFP