En République démocratique du Congo (RDC), on assiste à une « reconduction désinvolte de tares jadis dénoncées et vivement condamnées, tant au plan national, qu’international », a fustigé le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), Georges Kapiamba.
Dans une déclaration faite à l’occasion du 11ème anniversaire de cette organisation de la société civile, Kapiamba a brossé l’état de la gouvernance pour la période comprise entre 2021-2022. Il a regretté que plusieurs avancées significatives enregistrées depuis l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir s’étiolent par « la volonté affichée de quelques brebis galeuses et de leurs affidés ».
G.Kapiamba a noté qu’en violation des articles 12, 13, 36 et 58 de la Constitution, la redistribution équitable des emplois et des ressources publiques est absente de l’agenda de certaines autorités politiques. « Les récentes nominations au sein de quelques Établissements publics en font foi », fait-il remarquer.
Politisation de l’administration publique
Les Congolais assistent impuissants, contrairement aux dispositions de l’article 193 de la Constitution, à la politisation de l’administration publique, dénonce l’ACAJ qui rappelle que l’un des engagements forts de nouvelles institutions consistait pourtant à combattre « le clientélisme de l’Etat quant à l’accès aux emplois publics, et ainsi mettre un terme à la précarité du marché de l’emploi en se fondant sur le principe de l’égalité de chance ».
« Les nominations à tous les niveaux constituent l’antithèse de tous les slogans politiques largement médiatisés », regrette l’ACAJ qui fait observer qu’actuellement, les mises en place au sein des services publics ont pour finalité de caser les frères de familles biologique ou politique, souvent au détriment de l’expertise.
« Au lieu du «peuple d’abord», les congolais assistent médusés à une forte politisation desdits services publics où la règle est désormais «parti politique et famille d’abord, le peuple après». Ce faisant, plusieurs citoyens, dont le péché est de ne pas être membre d’un parti politique ou de la famille sociologique des décideurs, sont renvoyés au chômage au profit des militants et/ou frères et sœurs biologiques », a condamné le président de l’ACAJ.
Contrairement aux prescrits de la Constitution, déplore Kapiamba, l’accès aux charges publiques est devenu discriminatoire par la volonté de l’Union sacrée, plateforme créée par le président Félix Tshisekedi après la dissolution de la coalition gouvernementale FCC-CACH.
Pour Georges Kapiamba, « il s’agit là d’une dangereuse atomisation de la cohésion nationale acquise, au prix de sacrifices de congolaises et congolais ».
« La RDC est un patrimoine commun à toutes les Congolaises et à tous les Congolais »
L’ACAJ rappelle qu’il est inadmissible qu’une caste de dirigeants politiques captent à leur seul profit toutes les ressources générées par l’effort collectif.
« Il est urgent pour que la croissance des ressources publiques devienne réellement inclusive et pas un alibi destiné à entretenir l’enrichissement de quelques-uns sur le dos du souverain primaire, dont les intérêts existentiels sont dangereusement menacés par la boulimie et l’insouciance de la classe politique », dit-elle.
Au regard de cette situation, l’ACAJ recommande au gouvernement, de s’assurer que tous les responsables de services de sécurité respectent les droits fondamentaux des personnes arrêtées; veiller au respect des règles de la bonne gouvernance et l’égalité de chance; et faire le suivi de l’application de toutes les décisions du Conseil des Ministres dont celle relative à la réduction du train de vie des institutions politiques.
Reagan Ndota