Le Rwanda a rejeté catégoriquement les déclarations des autorités congolaises selon lesquelles les rebelles du M23 opérant dans le territoire de Rutshuru bénéficient du soutien de l’armée rwandaise.
Pour le représentant permanent adjoint du pays de Paul Kagame à l’ONU, il s’agit des accusations « infondées et inacceptables ». Robert Kayinamura a affirmé que « le Rwanda n’a absolument aucun intérêt à déstabiliser la RDC ».
« Le gouvernement rwandais observe que ces allégations sont un prétexte pour certains fauteurs de trouble au sein de la RDC à externaliser le conflit à des fins politiques intérieures, ce qui est dangereux et devrait être dénoncé », a-t-il déclaré.
L’administration Kagame rejette également l’étiquetage des membres du M23 comme des Rwandais. Kigali laisse entendre que ce sont des ressortissants congolais et par conséquent, « leurs griefs doivent être résolus en interne en RDC ».
A en croire le Rwanda, la résurgence des rebelles du M23 résulte du « manque d’engagement » de la part du gouvernement congolais de respecter la feuille de route signée en 2019.
» Aux fins de clarification, permettez-moi de rappeler qu’en 2013, suite à la défaite du M23 par la Brigade d’intervention de la force (FIB), un certain nombre de combattants ont fui vers le Rwanda et l’Ouganda. Ceux qui sont entrés au Rwanda ont été désarmés et transférés loin de la frontière de la RDC, ce qui c’est là qu’ils restent, comme convenu par le mécanisme régional à l’époque. Le Rwanda a également fait des efforts pour faciliter divers engagements entre ces ex-M23 congolais combattants et leur gouvernement, qui a abouti à un accord et à une feuille de route de rapatriement en 2019. Dans le cadre de ce processus, les armes et l’équipement que le Gouvernement rwandais a saisis de ce groupe ont été remis au gouvernement de la RDC. Mais il y a eu un manque d’engagement ou intérêt de la part de la RDC à mettre en œuvre la feuille de route du rapatriement », a expliqué le représentant permanent adjoint du Rwanda à l’ONU lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs.
Kigali se dit préoccupé par la reprise des hostilités entre le M23 et les FARDC. Il appelle à la désescalade et exhorte les deux parties à se conformer aux résolutions du deuxième conclave des chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est du 21 avril 2022.
Au regard de la situation sur le terrain, le Rwanda réaffirme son attachement aux efforts bilatéraux, régionaux et internationaux existants pour stabiliser la région par le biais d’initiatives régionales établies. « Cela inclut le mécanisme conjoint de vérification élargi de la CIRGL et le processus de Nairobi dans le cadre de la Communauté de l’Afrique de l’Est, ainsi que par le biais d’une collaboration multilatérale, pour la sécurité, la stabilité et le développement de la région des Grands Lacs », a indiqué Robert Kayinamura.
Le représentant de la RDC, pour sa part, a confirmé, une fois de plus, le soutien du Rwanda au M23. Il a accusé le pays de Kagame de violer délibérément l’accord-cadre d’Addis-Abeba qui interdit aux pays signataires d’appuyer les mouvements rebelles. Ainsi, Kinshasa a plaidé pour des sanctions plus sévères contre Kigali.
Reagan Ndota