Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a appelé mardi à une réévaluation fondamentale des initiatives de paix en RDC. Dans le cadre de la nouvelle approche qu’il propose, l’Autrichien a encouragé les autorités congolaises à adopter une position ferme et cohérente contre la corruption, l’impunité et les discours de haine, quels qu’en soient les auteurs.
Alors que les initiatives diplomatiques se multiplient pour tenter de trouver une solution durable, Volker Türk a estimé que tout projet de paix durable doit s’attaquer aux causes profondes du conflit, notamment l’exploitation illégale des ressources naturelles.
Aussi, a-t-il souligné, le gouvernement « doit adopter une position ferme et cohérente contre la corruption, l’impunité et les discours de haine » et accélérer les processus de justice transitionnelle, notamment en vue de la finalisation de consultations nationales inclusives.
« La politique nationale de la RDC en matière de justice transitionnelle, élaborée avec le soutien de notre bureau, offre un potentiel significatif pour de futurs efforts de vérité et de réconciliation. Nous encourageons les autorités congolaises à prendre les mesures nécessaires pour adopter cette politique et, par la suite, la loi sur la justice transitionnelle. En tant que Bureau, nous continuerons à soutenir ce travail dans la mesure du possible. Cela implique la mise à disposition d’une expertise médico-légale, de ressources logistiques et financières, ainsi que d’un soutien aux victimes et aux témoins », a-t-il déclaré lors du dialogue interactif renforcé sur la République démocratique du Congo, soulignant l’engagement de l’ONU à soutenir la réforme du Code pénal afin d’y intégrer des dispositions faisant du discours de haine une infraction à part entière.
Pas de solution militaire
Selon Volker Türk, après près de trois décennies de guerre et plus de six millions de morts, il devrait être tout à fait clair qu’ « il n’existe pas de solution militaire » à ce conflit.
« Le peuple de la RDC a besoin que les acteurs locaux, nationaux et régionaux fassent preuve de leadership et privilégient le dialogue plutôt que l’intérêt personnel, la cupidité et la violence », a-t-il dit, appelant la communauté internationale à prendre des mesures décisives, concrètes et urgentes pour faciliter une paix durable en RDC.
Les États et les entreprises privées qui profitent des ressources naturelles exploitées dans des conditions dangereuses et illégales doivent cesser de se cacher derrière des chaînes d’approvisionnement complexes et obscures, a-t-il exigé, exhortant les pays influents à agir pour mettre fin à cette situation.
Par la même occasion, il a réitéré les appels du Conseil de sécurité, du Conseil des droits de l’homme et du secrétaire général au Rwanda pour qu’il retire ses forces de la RDC.
« Sans action concrète, la violence actuelle pourrait bien engloutir toute la région », a-t-il alerté, prévenant que les risques d’une telle catastrophe augmentent de jour en jour.