Officiellement membre de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) depuis juillet 2022, la République démocratique du Congo (RDC) n’entend pas se retirer aussitôt de cette organisation, comme réclamé par l’opposition et certaines organisations de la société civile, à la suite de l’agression rwandaise.
La position de Martin Fayulu, d’Adolphe Muzito, du PPRD, de la Lucha…ne sont pas partagées par le gouvernement, qui juge « vitale » la présence de la RDC au sein de l’EAC.
Devant la presse lundi à Kinshasa, le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula et le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, ont donné les raisons du choix opéré.
Selon le chef de la diplomatie congolaise, le retrait de la RDC de l’EAC sera profitable au Rwanda. « Ce serait vraiment un grand cadeau que l’on ferait au Rwanda que de quitter la communauté. Ils vont jubiler, fêter ce jour-là. Non! Il n’y a pas que des raisons économiques, il y a des raisons cultures. Est-ce que vous avez oublié qu’en terme de langue parlée, je crois que le Swahili, c’est la deuxième langue nationale. Donc, il y a une culture qu’une langue véhicule. Et tous nos compatriotes qui sont là, il y a des mariages mixtes, il y a une communauté qui s’est créée au-delà des questions politiques, la guerre va passer. Alors nous allons dire : on quitte, mais les Rwandais diront qu’ils nous ont chassés », a-t-il dit.
« Le gouvernement congolais n’est pas naïf »
Pour l’opposition, la RDC ne peut pas être membre d’une organisation constituée des Etats agresseurs (Rwanda, Ouganda…). Le gouvernement, quant à lui, ne voit pas les choses sur cet angle. Christophe Lutundula évoque des raisons économiques.
« Le chef de l’Etat, le gouvernement, nous ne sommes pas naïfs, ni faibles. Pourquoi sommes-nous allés à l’EAC ? Chers compatriotes, par où passe le flux de marchandises a l’entrée et à la sortie du côté de l’Océan Indien pour la RDC ? C’est Mombasa et Dar es Salam, c’est-à-dire le Kénya et la Tanzanie, pays membres de l’EAC. Ils entrent dans une autre législation douanière. Ils forment une communauté, les règles vont être harmonisées partout. Et nous, qu’est-ce qu’on va faire en ce moment là ? », a-t-il expliqué.
La RDC justifie aussi son adhésion à l’EAC par sa position géographique. « Sur neuf pays voisins, cinq sont à l’Est et membres de l’EAC. Ce n’est pas un fait du hasard ! La politique des Etats se trouvent aussi dans leur géographie. La frontière la plus longue du pays c’est à l’Est », a rappelé Lutundula.
« Le seul espace de règlement du conflit, que nous souhaitons être un règlement pacifique, où nous nous trouvons avec le Rwanda à proximité, c’est l’EAC », a-t-il souligné.
Patrick Muyaya, pour sa part, a indiqué que dans le cadre du front judiciaire, il y a des mécanismes au sein de l’EAC qui permettent aujourd’hui à la RDC d’attaquer le Rwanda.
« Notre appartenance à cette communauté, nous pensons qu’elle est vitale pour permettre à ce pays de décoller et d’avoir les ouvertures sur toutes les parties du monde », a-t-il conclu.
Reagan Ndota