Le général kenyan, Jeff Nyagah accuse les autorités congolaises de « saboter » les efforts de la Force régionale de l’EAC déployée dans l’Est de la RDC pour restaurer la paix et la stabilité.
Annonçant sa démission au secrétaire général de l’EAC de ses fonctions de commandant de la Force régionale, Jeff Nyagah a dressé un sévère réquisitoire contre le gouvernement congolais qui, dénonce-t-il, exerce des pressions pour que le commandement de la force tourne tous les trois mois, « ce qui n’était pas prévu dans le mandat actuel ».
« De plus, la récente suspension du compte Facebook de l’EACRF est une indication d’un éventuel sabotage des efforts de la Force régionale », a-t-il fustigé, relevant que cette situation est également aggravée par le fait que « le gouvernement de la RDC n’a pas payé les frais administratifs, y compris les bureaux du quartier général de la force, le logement des officiers d’état-major, l’électricité ainsi que les salaires du personnel civil conformément à l’article 9 (c) et (d) de l’accord sur le statut de la force (SOFA) ».
« Honorable secrétaire général, c’est avec cela à l’esprit et une évaluation plus approfondie que j’en suis venu à la conclusion que ma sécurité en tant que commandant de la Force n’est pas garantie dans la zone d’opération. De plus, la frustration persistante a rendu ma mission intenable, d’où la décision de précaution de quitter la zone de la mission », a-t-il écrit dans sa lettre adressée à Peter Mutuku Mathuki.
Depuis quelques mois, Kinshasa et EAC sont en désaccord au sujet du mandat de la Force régionale. Si pour les autorités congolaises, la coalition des armées est-africaines a une mission offensive, du côté des dirigeants régionaux par ailleurs, on parle d’une force neutre.
Reçu lundi à Washington par son collègue américain, le chef de la diplomatie kenyane a affirmé que les troupes de son pays qui sont sur le terrain n’ont pas reçu le mandat de combattre le M23, mouvement majoritairement Tutsi appuyé par l’armée rwandaise.
« Nous ne sommes pas là pour combattre le M23 ou pour combattre qui que ce soit. Nous sommes là pour fournir un couloir qui permet aux groupes qui combattent le gouvernement congolais et à ceux qui sont combattus par le gouvernement congolais d’avoir un sentiment de sécurité à travers là. Qu’ils puissent commencer à déposer leurs armes et à se mettre à la table et être capables de négocier », a déclaré Alfred Mutua.
Jusque-là, le gouvernement congolais n’a pas encore réagi. Mais, Kinshasa a déjà dénoncé la passivité de la Force régionale. A l’issue du huis clos des chefs d’État de l’EAC à Bujumbura en février dernier, Félix Tshisekedi avait tonné sur le général Jeff Nyagah : « vous n’êtes pas venus pour favoriser le M23 ».