Le terrorisme continue de constituer une menace majeure à la paix et à la sécurité internationales, note la France, qui appelle à poursuivre des efforts de lutte contre ce fléau en se concentrant sur cinq priorités, dont la première est celle des moyens.
Le représentant permanent de la France à l’ONU, Nicolas De Rivière, qui intervenait mardi au débat du Conseil de sécurité sur « la prévention et la lutte contre le terrorisme par la coopération renforcée entre les Nations unies et les organisations régionales » a fait remarquer que la menace du terrorisme en Afrique vise la région, mais aussi, dans son ensemble, la paix et la sécurité internationales.
Selon le diplomate français, les groupes terroristes tels que Daech et Al-Qaïda et leurs affiliés demeurent la menace la plus aigüe, en particulier sur le continent africain, où ils s’étendent, tant en Afrique de l’Ouest qu’en Afrique centrale ou australe.
« Cette menace continue de se reconfigurer, de croître, par exemple au Sahel, où les groupes terroristes poursuivent leur projet d’extension en direction du Golfe de Guinée », a-t-il alerté.
Face à cette situation, la France appelle le Conseil de sécurité à reprendre les discussions sur le financement des opérations africaines de paix, sur la base de la position commune adoptée à Addis-Abeba.
La deuxième priorité est celle du renforcement de la coopération. A ce sujet, Nicolas De Rivière a affirmé que la France et l’Union européenne sont déterminées à poursuivre et à renforcer leurs partenariats avec les Etats africains et les organisations régionales africaines.
« L’Union européenne, apporte une contribution essentielle à la paix et à la stabilité en Afrique. La France continue de se mobiliser contre le terrorisme, aux côtés de ses partenaires, à leur demande et selon leurs besoins, selon une approche globale et renouvelée, comme l’a indiqué le Président de la République Emmanuel Macron, il y a tout juste un mois. Cette approche se traduit en actes concrets. L’Académie internationale de lutte contre le terrorisme à Abidjan, née d’une volonté de la Côte d’Ivoire et de la France, avec l’appui politique de l’Union africaine et de la CEDEAO, s’internationalise désormais », a-t-il dit.
Multilatéralisme et réponse globale
Il faut aussi, selon la France, défendre une approche résolument multilatérale (troisième priorité). De Rivière a rappelé que les instruments des Nations unies sont essentiels, qu’il s’agisse des panels d’experts, mais aussi des sanctions.
« La direction exécutive du contre-terrorisme contribue à une meilleure connaissance de la menace en Afrique et au renforcement de capacités robustes, notamment par le Bureau de lutte contre le terrorisme, dont l’Union européenne est le troisième contributeur », a-t-il expliqué.
La quatrième priorité proposée par la France est la participation au renforcement de la résilience des communautés en lien avec les Etats de la région, qui consiste à prendre en compte les facteurs socio-économiques qui contribuent au recrutement terroriste.
« Il s’agit de répondre aux défis fondamentaux du changement climatique, des liens entre terrorisme et trafic des ressources, et avec tous les crimes qui affectent l’environnement. Il s’agit aussi et enfin de lutter contre la propagande terroriste sur internet, fondée sur la désinformation et qui vise en particulier la jeunesse », a ajouté Nicolas De Rivière.
La dernière priorité vise à inscrire la lutte contre le terrorisme dans une réponse globale pour être pleinement efficace.
« Celle-ci doit inclure des initiatives conjointes pour le développement, le renforcement de la gouvernance, de l’Etat de droit et la lutte contre la corruption », a-t-il souligné.
La France a assuré qu’elle continuera d’œuvrer pour la mise en place de cette approche globale, dans le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et du multilatéralisme.
Ne pas recourir aux mercenaires
Pour le diplomate français, les « pseudo-offres » sécuritaires proposées par certaines sociétés militaires privées et leur parrain étatique sont à rebours de l’approche respectueuse des partenaires traditionnels.
« Elles sont contre-productives pour lutter contre le terrorisme et poursuivent un objectif économique d’enrichissement par la captation des ressources naturelles, au détriment de la souveraineté des Etats africains et des populations victimes d’exactions bien documentées », a-t-il dit.
La France a ainsi encouragé l’Union africaine à moderniser et à mettre en œuvre les instruments que l’Organisation de l’unité africaine avait mis en place dès 1977 contre les sociétés de mercenaires.