La situation dans la région des Grands Lacs continue de se détériorer et les tensions entre la RDC et le Rwanda persistent, a regretté mercredi devant le Conseil de sécurité le représentant permanent adjoint des USA, Robert Wood, qui a salué par ailleurs les efforts régionaux en cours.
Le Conseil de sécurité s’est penché sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la Réublique démocratique du Congo et la région signé le 24 février 2013. Les USA ont fait remarquer que la stratégie régionale de l’ONU pour les Grands Lacs est un autre moyen important de ramener la paix dans la région.
Robert Wood a, à cette occasion, appelé notamment le Rwanda et la RDC à agir rapidement pour respecter pleinement leurs engagements en vertu du communiqué de Luanda, y compris le retrait complet du M23 sur la ligne Sabinyo, suivi d’un cantonnement et d’un désarmement.
« Le Rwanda doit également retirer ses troupes et mettre fin à son soutien au M23, sanctionné par l’ONU », a-t-il insisté, réitérant aussi l’appel de son pays au gouvernement de la RDC pour qu’il mette fin immédiatement à « sa coopération avec les groupes armés, y compris les FDLR ; poursuivre la réforme du secteur de la sécurité ; continuer à dénoncer les discours de haine ; et tenir les individus responsables d’incitation à la violence ».
Par ailleurs, les dirigeants régionaux ont été appelés une fois de plus à veiller à ce que leurs forces respectent les droits de l’homme, accordent la priorité à la sécurité des civils et s’abstiennent d’activités illicites, telles que l’extraction de ressources naturelles.
Selon Wood, Il est également essentiel qu’ils coordonnent et complètent le travail important des forces armées de la RDC, de la MONUSCO, des agences humanitaires des Nations Unies et des organisations non gouvernementales.
« Chers collègues, cette année marque le dixième anniversaire de la signature de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération, mais la région reste marquée par l’instabilité. Grâce aux processus de Nairobi et de Luanda, nous avons les structures politiques nécessaires pour poursuivre le dialogue. Grâce aux FARDC, à la MONUSCO et à l’EACRF, nous avons la capacité de protéger les civils. Et par l’intermédiaire des Nations Unies, du Bureau de l’Envoyé spécial et de nos propres efforts bilatéraux, nous disposons des plateformes nécessaires pour nous coordonner et nous engager diplomatiquement. Ce qui nous manque, c’est l’engagement et la volonté politique d’utiliser ces outils aux fins prévues : apporter la paix. Nous ne pouvons pas attendre encore 10 ans pour la paix dans les Grands Lacs. Les gens de la région le méritent maintenant », a-t-il dit.
Se concentrer davantage sur la grave crise humanitaire
Les USA ont appelé également à se concentrer davantage sur la grave crise humanitaire. Robert Wood a rappelé que le conflit a déplacé plus d’un demi-million de personnes rien qu’en 2023, dont beaucoup sont forcées de vivre sans accès à de la nourriture, de l’eau ou des soins médicaux adéquats dans des camps remplis bien au-delà de leur capacité.
Des milliers de femmes et d’enfants sont exploités par des opérations organisées de trafic sexuel, a-t-il condamné.
« Les États-Unis sont le plus grand fournisseur d’aide humanitaire à l’est de la RDC, contribuant plus de 140 millions de dollars depuis le 1er octobre. Au moment où nous parlons, nos partenaires travaillent dans des conditions périlleuses pour fournir une aide vitale à des centaines de milliers de personnes au Nord-Kivu », a expliqué le diplomate américain.
Le gouvernement de la RDC a été encouragé à faire beaucoup plus pour protéger ses citoyens, notamment en fournissant des terres pour les sites où les personnes déplacées peuvent recevoir des services et en appliquant ses propres lois contre la traite et l’exploitation des femmes et des filles.