Près de 4 ans après les élections qui ont conduit Félix Tshisekedi au pouvoir, la situation de la République démocratique du Congo (RDC) va de mal en pis, regrette l’opposant Delly Sesanga pour qui, la gouvernance de Joseph Kabila se révèle « mieux » que celle de Félix Tshisekedi.
A la clôture du bureau politique élargi de son parti, l’élu de Luiza (Kasaï central) a affirmé que « l’alternance » obtenue à l’issue des élections de 2018 a été « gaspillée » par le nouveau régime. Selon le président de l’Envol, « le pays régresse sur tous les plans ».
« …Le pays va mal, très mal et plus mal que la situation qui nous a mobilisés de 2015 à 2018 pour exiger le changement. Le constat général est simplement alarmant. L’alternance de 2018 a été gaspillée : le pays régresse sur tous les plans. L’avant se révèle mieux que l’après. Nous ne pouvons pas, pour aucune raison, nous taire et entrer dans l’hibernation devant la situation actuelle du pays face à laquelle le passé que nous avions jadis combattu très énergiquement devient un horizon, un objectif à atteindre », a-t-il déclaré.
Alternance sans résultats
Sesanga parle du « désenchantement total » de la population congolaise « face à une alternance sans résultats ». A en croire le président de l’Envol, « le mal est très profond, bien aux antipodes de l’autosatisfaction de certain qui sont seuls à voir ce que tout le monde ne voit pas et à ne pas percevoir ce que sent tout le monde. L’essoufflement est manifeste »
« Rien de surprenant ! Une alternance sans alternative n’a toujours logiquement que deux issues: soit elle fait du surplace, soit elle produit un recul. Dans le deux cas, l’échec est patent », dit-il.
Sur le plan sécuritaire, fait-il remarquer, le pays demeure fragile, plus fragile qu’en 2018. « Comment en est-on arrivé à ce point de défaite nationale par la recrudescence de l’insécurité à l’Est ? », s’est-il interrogé.
Delly Sesanga affirme qu’en réalité, les Congolais « paient le prix d’un manque de volonté et d’un choix inconséquent du pouvoir public fait du refus d’avoir une armée de dissuasion par souci de protection du régime, l’absence de définition d’une politique de défense adéquate et le déficit d’une stratégie coordonnée de divers appuis extérieurs à la réforme de notre secteur de sécurité ».
« Le goût du pouvoir a pris le déçu sur la promesse de la fin de l’insécurité dans la partie orientale du pays », déplore-t-il, en faisant observer que « la solution trouvée de sous-traiter la défense nationale et la protection de nos frontières, y compris par ceux-là mêmes à qui l’on pointe du doigt comme étant les auteurs de l’agression est un aveu d’impuissance, une preuve d’abandon ».
Réinstauration du Mobutisme
Evoquant l’aspect politique, il avance que les efforts accomplis depuis plus de 20 ans dans le cadre du pacte républicain défini à Sun city et matérialisé dans la Constitution du 18 février 2006 sont anéantis.
« La liberté d’expression est en permanence sous le coup des intimidations, le droit de grève est menacé quand il n’est pas proscrit, l’intolérance politique est désormais érigée en règle au profit des soutiens du pouvoir », a-t-il dénoncé.
Pire encore, condamne Sesanga, « la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire a disparu, rappelant tragiquement les années du parti-Etat, le MPR: un parlement aux ordres et un appareil judiciaire instrumentalisé ».
L’économie n’enregistre aucune embellie
Sesanga reproche à l’administration Tshisekedi de « s’abstenir » de dire la vérité sur ce qu’est réellement l’ économie de la RDC, la réalité des finances publiques et le caractère exogènes des changements enregistrés.
« Notre économie est toujours extravertie. Sa croissance est essentiellement tirée par la demande internationale des matières premières, favorisée elle-même par les contextes de crise politique internationale. La succession des crises de COVID et de l’Ukraine ont entrainé successivement une reprise post-COVID avec une demande corrélative des matières premières en volume, ainsi qu’une hausse des cours en valeur », a-t-il expliqué.
Sans ces facteurs exogènes, dit-il, « notre économie n’enregistre donc aucune embellie ». Dans la foulée, il a indiqué que les iveaux atteints de croissance économique projetée à 6,7% pour 2023 n’a rien de nouveau et correspond à la moyenne de cette croissance pro-cyclique enregistrée, hors période de crise, par la RDC depuis bientôt 20 ans.
Plutôt que de faire la politique de la cueillette, Sesanga appelle le gouvernement à se pencher plus sérieusement sur la mécanique de la croissance économique qui, selon lui, n’est pas inclusive, en répondant effectivement aux défis de la diversification, de l’emploi des jeunes et de l’amélioration du pouvoir d’achat de nos concitoyens
Face à ce tableau sombre, le président de l’Envol estime que le temps est venu de « rassembler les Congolais, de parler avec eux et de les écouter pour définir ensemble les contours de ce nouveau Congo; un Congo dont la gouvernance devra reposer sur des valeurs ainsi qu’un leadership responsable et clairvoyant, un Congo d’Etat de droit démocratique bâti sur la primauté de la Constitution et le respect des lois de la République, loin de tout privilège partisan ».
Ce nouveau Congo, souligne-t-il, devra être celui des actions planifiées et coordonnées et non de promesses.
Reagan Ndota