Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a organisé jeudi 11 mai une session extraordinaire sur des « conséquences qu’a, sur les droits de l’homme, le conflit dont le Soudan est actuellement le théâtre ».
Dans son discours, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a condamné l’usage de la violence par des individus qui n’ont aucun respect pour la vie et les droits fondamentaux de millions de leurs propres compatriotes.
« Toutes les parties doivent protéger les droits des civils et se conformer au droit international humanitaire et aux droits de l’homme », a-t-il appelé, indiquant que depuis le 15 avril, au moins 487 civils ont été tués, notamment à Khartoum, El Geneina, Nyala et El Obeid.
Selon Volker Türk, le chiffre réel est beaucoup plus élevé. « Plus de 154 000 personnes ont fui le pays et environ 700 000 autres ont été déplacées à l’intérieur des frontières du Soudan. Ceux qui restent dans les zones touchées par le conflit courent un risque grave et continu », a-t-il fustigé.
« A Khartoum, des affrontements entre les deux forces armées, des bombardements et des frappes aériennes ont eu lieu dans des zones résidentielles densément peuplées, et des millions de personnes ont désormais du mal à accéder à la nourriture, au carburant et aux devises. Dans certaines parties du Darfour, ainsi que dans les régions du Nil Bleu et du Kordofan, la violence entre les groupes militaires a déclenché des affrontements interethniques. Au Darfour occidental, au moins 100 personnes ont été tuées, et des milliers déplacées, par des violences intercommunautaires entre groupes dits « arabes » et masalit, alliés respectivement aux Forces de soutien rapide (RSF) et aux Forces armées soudanaises (SAF) », a-t-il ajouté.
Le patron des droits de l’homme de l’ONU a condamné fermement cette violence gratuite, dans laquelle les deux parties ont bafoué le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.
« L’armée soudanaise a lancé des attaques dans des zones civiles densément occupées, y compris des frappes aériennes. La semaine dernière, une frappe aérienne aurait touché le voisinage d’un hôpital dans la région du Nil oriental à Khartoum, tuant plusieurs civils. Pendant ce temps, les RSF auraient pris le contrôle de nombreux bâtiments à Khartoum pour les utiliser comme bases opérationnelles, expulsant des habitants et lançant des attaques depuis des zones urbaines densément peuplées. Ces tactiques exposent les civils à un risque aigu et empêchent les gens d’accéder aux fournitures et à l’assistance essentielles », a dénoncé V. Türk.
Il a aussi regretté que malgré d’intenses efforts diplomatiques, notamment de l’Union africaine, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, de la Ligue des États arabes et des Nations unies, es dirigeants des SAF et des RSF ne se sont pas mis d’accord pour discuter de la fin de leurs hostilités.
Volker Türk a jugé urgent que toutes les dispositions transitoires s’appuient sur des engagements fondamentaux en matière de responsabilité, de non-discrimination et de participation, afin que la paix puisse être durable et stable.