Ignorant les positions des pays africains, le Conseil de sécurité de l’ONU décidé de proroger jusqu’au 31 mai 2024 l’embargo sur les armes imposé au Soudan du Sud, y compris le gel des avoirs et l’interdiction de voyager.
La résolution préparée par les USA a été adoptée mardi 30 mai 2023 par 10 voix pour, zéro voix contre et 5 abstentions (Chine, Fédération de Russie, Gabon, Ghana, Mozambique). Le Mozambique a déploré que le texte ne reflète pas les progrès importants réalisés par le Soudan du Sud dans les domaines politique, économique et sécuritaire, jugeant en outre important de tenir compte les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes pays en matière de consolidation de l’État.
« Le Soudan du Sud a besoin non pas de sanctions mais d’un système d’appui bien géré de renforcement des capacités », a renchéri le Ghana qui a regretté que la proposition des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique) d’intégrer au texte un libellé inspiré d’une résolution récemment adoptée par l’Union africaine dans laquelle elle exprime ses préoccupations sur les répercussions socioéconomiques des sanctions, ait été ignorée.
Dans son intervention, le représentant du Soudan du Sud a fait remarquer qu’avec cette résolution, on est passé à côté d’une chance d’examiner la situation de son pays de manière factuelle. Il a souligné que les difficultés mineures ne doivent pas être considérées comme un motif de violation.
A son tour, la Chine a regretté que la délégation porte-plume, les USA, ait fait fi des suggestions des A3 qui avaient notamment proposé une liste d’exceptions à l’embargo sur les armes, sapant ainsi l’unité du Conseil de sécurité. Les entraves aux élections libres viennent d’être rajoutées à la liste, a-t-elle déploré, appelant le porte-plume à faire preuve d’objectivité et d’impartialité et condamnant l’utilisation des sanctions du Conseil de sécurité en guise d’outil diplomatique.
« Une fois de plus, on a ignoré non seulement les positions des pays africains, mais également celles de membres du Conseil de sécurité, dont la Russie, qui considèrent que les jeunes forces armées sud-soudanaises doivent pouvoir régler les problèmes de violences intercommunautaires, afin notamment de garantir les élections prévues en décembre 2024 », a fustigé la Russie, qui a regretté la « fixation » du porte-plume sur des mesures qui n’ont pas fait leurs preuves.
La délégation russe a considéré que le système de « lâchement archaïque » des sanctions du Conseil de sécurité sur le continent africain doit être complètement « revu et réorganisé », accusant elle aussi les pays occidentaux de l’instrumentaliser pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États.
Par ailleurs, la résolution prévoit que les prescriptions en matière de notification ne s’appliqueront plus à la fourniture, à la vente ou au transfert de matériel militaire non létal, qui ne doivent servir qu’à appuyer la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix, ni à l’assistance technique ou la formation au matériel militaire non létal connexes.
En outre, le Conseil de sécurité déclare à nouveau prêt à apprécier s’il convient de modifier, de suspendre ou de lever progressivement les mesures d’embargo sur les armes, à la lumière des progrès accomplis par rapport aux principaux critères énoncés dans la résolution 2577 (2021).
S’agissant des sanctions ciblées, il a souligné que les activités ou les politiques visant à entraver la conduite ou la légitimité d’élections libres et régulières au Soudan du Sud, notamment en entravant ou en altérant les activités préélectorales préparatoires, constituent également un motif d’inscription.