La question du Sahara occidental a été au cœur du débat organisé mardi à l’ONU par le comité spécial de 24, organe chargé d’étudier l’application de la déclaration de l’Assemblée générale sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Le débat a opposé les partisans de l’autodétermination du « peuple sahraoui » aux tenants de l’initiative marocaine d’autonomie pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara.
Le représentant permanent de l’Algérie, Amar Bendjama a souligné l’importance de respecter le principe de l’égalité des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes.
Selon lui, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique toujours en attente d’une pleine application la résolution 1514 de l’Assemblée générale, cette attente ayant pour effet de prendre en otage un peuple privée d’une liberté confisquée au mépris des résolutions de l’ONU qui toutes, a-t-il souligné, appellent au droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Il a salué les positions exprimées par plusieurs délégations en faveur de l’exercice de ce droit.
« L’Algérie défendra sans relâche le droit du peuple du Sahara occidental à disposer de lui-même », a-t-il ajouté, notant que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait conclu qu’il n’y avait aucun lien juridique de quelque nature que ce soit entre le Sahara occidental et le Maroc pouvant affecter la mise en œuvre de la résolution 1514.
Après avoir rappelé que Hassan II avait plaidé pour une solution juste et définitive à travers un référendum d’autodétermination, le représentant algérien a estimé que la création de la MINURSO par le Conseil de sécurité qui a suivi a entraîné le blocage de toute avancée sur la question du Sahara occidental. En outre, il a proposé d’organiser une visite à Tindouf pour se rendre compte de la réalité sur le terrain.
Enfin, il a considéré que le Comité spécial de 24 doit apporter une contribution pour faire avancer le processus de décolonisation du Sahara occidental, « pour permettre au peuple de ce territoire de décider de son futur ».
Pour sa part, le représentant du Maroc, Omar Hilale a réitéré que la décolonisation des provinces sahariennes du Maroc a été définitivement scellée « depuis leur retour à la mère-patrie » en 1975. La question du Sahara marocain est examinée par le Conseil de sécurité sous le Chapitre VI de la Charte des Nations unies en tant que différend régional entre le Maroc et l’Algérie, a rappelé le diplomate marocain, pour qui le Conseil de sécurité est seul habilité à faire des recommandations et à proposer des solutions.
« La dernière en date, la résolution 2654 (2022), a réaffirmé les quatre paramètres irréversibles de la solution à la question du Sahara marocain. Et comme l’affirme cette résolution, une telle solution ne peut être que politique, réaliste et pragmatique.
Aussi, les prétendus plans de règlement et référendums auxquels certains se cramponnent désespérément sont-ils enterrés depuis deux décennies par le Conseil de sécurité et le Secrétaire général », a-t-il affirmé.
Selon Omar Hilale, l’initiative marocaine d’autonomie est l’incarnation même de cette solution, dans le cadre de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Maroc.
Par ailleurs, a-t-il dénoncé, les droits humains continuent d’être violés quotidiennement dans les camps de Tindouf par les milices du Front POLISARIO « au vu et au su du pays hôte, l’Algérie ».
Dans son intervention, la représentante de l’Afrique du Sud, Mathu Joyini a réaffirmé le soutien de son pays au droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations unies et à la résolution 1514 de l’Assemblée générale.
Elle a encouragé le Comité à effectuer une visite « attendue depuis longtemps » au Sahara occidental afin de vérifier la situation sur le terrain. La diplomate sud-africaine a réitéré son appui au mandat de la MINURSO et à l’envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, avant d’inviter le Maroc et le Front POLISARIO à s’engager dans des pourparlers directs permettant de sortir de l’impasse actuelle.
Le Comité spécial de 24 va poursuivre ses travaux le mardi 20 juin.