Le processus d’intégration africaine rencontre encore des contraintes structurelles, a déploré le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, dimanche 16 juillet à Nairobi, au Kenya, à l’occasion de la 5e réunion de coordination entre les communautés économiques régionales/mécanismes régionaux de l’Union africaine et les Etats membres.
Parmi ces contraintes, Moussa Faki a évoqué « l’incompréhensible retard dans les ratifications du protocole sur la libre circulation des personnes et des biens », le déficit de financement pour la mise en œuvre du programme d’infrastructures à l’échelle continentale, la dégradation de la situation de la paix et de la sécurité en Afrique, les retards dans la transformation des structures productives dans une logique inclusive des femmes et des jeunes en tant qu’entrepreneurs du progrès et bouclier protecteur contre l’extrémisme et le terrorisme.
Ainsi, il a réitéré son exhortation aux présidents en exercice des Communautés économiques régionales qui ne l’ont pas encore fait, de procéder aux ratifications au niveau de leurs régions respectives.
« Il nous faut de toute urgence sortir de cette flagrante contradiction de vouloir la liberté du commerce et refuser la mise en œuvre de la libre circulation des personnes et des biens », a-t-il indiqué.
Selon Moussa Faki, l’Union africaine et les Communautés économiques régionales, déjà engagées dans une dynamique de coopération après l’entrée en vigueur du Protocole révisé, devront accélérer la cadence de leur concertation pour lui donner une visibilité à la fois concrète et opératoire. Ensuite, dit-il, les Communautés économiques régionales entre elles, en mutualisant les moyens dans la conception et la mise en œuvre des projets et des politiques de développement, ce qui leur permettra de bénéficier des rendements d’échelle croissants.
Enfin, a-t-il souligné, la dynamique collaborative entre les CER devra s’étendre entre ces dernières et la Zone de libre-échange continentale africaine. « Celle-ci, tout en capitalisant sur les acquis des CER comme le stipule le Traité portant sur sa création, pourrait contribuer à desserrer les contraintes de l’intégration régionales qui sévissent au niveau continental », a-t-il expliqué.
Dans cette logique, il a salué des progrès enregistrés en matière de coordination illustrés par cinq exemples de réussites d’actions conjointement menées d’une part, par l’Union africaine et les CER/MR, et d’autre part au niveau des CER elles- mêmes.
« Le premier exemple porte sur l’accord de cessation des hostilités en Éthiopie sous les auspices conjoints de l’UA et de l’IGAD qui a inspiré les deux organisations dans l’adoption récente de la feuille de route commune sur la crise Soudanaise. Le deuxième concerne l’initiative de coopération inter-CER entre la CEEAC et la CEDEAO en matière de sûreté maritime. Le troisième concerne les efforts des résolutions de lq sempiternelle crise des Grands Lacs, où sous l’égide de L’UA, un sommet Quadripartite a réuni à Luanda le 27 juin dernier, la East African Community, la CIRGL, le CEEAC, et la SADC. Le quatrième a trait à la contribution de l’AUDA-NEPAD au renforcement des infrastructures, à la lutte contre le changement climatique, et a la sécurité alimentaire. Le quatrième s’incarne dans la plateforme d’échanges d’informations en temps réel entre les CER/MR, les États membres et la Commission de l’UA élaborée dans le cadre de la prévention et de la gestion des conflits dans le continent », a-t-il indiqué.
Pour institutionnaliser cette coordination et lui conférer un caractère plus formel, Moussa Faki a laissé entendre que la division du travail entre l’Union africaine, les CER et Mécanismes régionaux, et les États membres, figurant sur l’agenda de la réforme de l’Union africaine, est en cours de finalisation.
Il a rappelé qu’une retraite lui a été consacrée au niveau du Comité des représentants permanents (COREP) le mois dernier à Kigali au Rwanda. Les observations et commentaires sur le projet de rapport enregistrés ont été pris en compte et la version finale en sera enrichie en vue de sa présentation en octobre 2023 pour examen et validation par le Conseil exécutif.
Moussa Faki a précisé que, pour une fonctionnalité optimale, la coordination devra élargir son champ d’action pour inclure des acteurs tels que les institutions financières continentales, les centres de réflexion et de recherche, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, la société civile et le secteur privé.