Préoccupé par la multiplication des coups d’Etat en Afrique qui, selon lui, risque de replonger le continent dans les années sombres de son histoire où les changements de régime par des moyens anticonstitutionnels étaient à la mode, Evariste Ndayishimiye, président du Burundi, appelle les dirigeants africains à privilégier le dialogue comme mode de gestion de cette situation à la place des sanctions.
En sa qualité de président du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine pour le mois d’août, Evariste Ndayishimiye a estimé qu’il est grand temps de revisiter le régime de sanctions de l’Union africaine car, explique-t-il, « l’expérience nous montre que les sanctions touchent beaucoup plus les populations civiles innocentes que les auteurs des Putschs ».
Le président burundais a fait cette déclaration mercredi 2 août à Addis-Abeba à l’occasion de l’ouverture de l’atelier de consultation pour l’intégration des jeunes vivant avec handicap dans le Programme Jeunesse, Paix et Sécurité.
« Au lieu de recourir aux sanctions, qu’elles soient de nature économique, politique ou militaire, il faut plutôt prendre la voie des solutions pacifiques des différends telles que le dialogue et la coopération. De même, l’interventionnisme militaire ne fait qu’attiser le feu et occasionner des pertes en vies humaines », a-t-il dit.
Pour Ndayishimiye, il faut admettre que toutes ces mesures sont contre productives et aggravent les problèmes socio-économiques qui minent le développement de l’Afrique.
Ainsi, il appelle à établir le dialogue entre les parties en conflit afin de trouver des solutions adaptées au contexte africain.
La proposition de Ndayishimiye est faite une semaine après le coup d’Etat militaire opéré au Niger, le troisième dans la région du Sahel après le Burkina et le Mali.
« Le constat est que les putschs sont opérés par des jeunes. Une simple analyse nous pousse à penser qu’il peut y avoir un déficit communicationnel et relationnel entre les deux générations des hommes en uniformes. Ceci nous amène à recommander le renforcement de l’esprit de corps entre les jeunes et leurs aînés et assurer un lendemain meilleur des jeunes officiers dans leur carrière.Je ne peux pas confirmer que c’est la cause exacte et ultime, mais cela nous incite à porter notre réflexion sur l’importance d’un dialogue interactif franc et sincère entre les jeunes et leurs ainés, au principe africain selon lequel aux problèmes africains il faut des solutions africaines et à la sagesse africaine selon laquelle « les linges sales se lavent en famille » », a-t-il ajouté.
Aussi, a-t-il indiqué qu’il faudrait permettre aux militaires qui le souhaitent et qui ont des ambitions politiques de se porter candidats aux élections après avoir démissionné de l’armée s’ils veulent passer par les partis politiques.
« Par ailleurs, je n’ai pas encore vu de constitution qui ne permette pas des candidatures aux élections à titre indépendant, c’est un principe de liberté universelle », a souligné le président burundais.