Brillamment réélu à la tête de la RDC, Félix Tshisekedi, qui veut réaliser une RDC « plus unie, plus en sécurité et plus prospère, pour la postérité » a besoin d’un chef du gouvernement à la hauteur des enjeux de l’heure, capable de matérialiser ses engagements pris pendant la campagne électorale, notamment en ce qui concerne la protection du pouvoir d’achat des ménages, en stabilisant le niveau de l’inflation et en maîtrisant le taux de change. Alors que les tractations politiques sont en cours, plusieurs se demandent, entre Sama Lukonde, Adolphe Muzito et Matata Ponyo, qui a le meilleur profil ?
Condamné à réussir son dernier mandat, Félix Tshisekedi est appelé à écarter certains profils comme ceux qui ont brillé par la mégestion, l’opacité, l’incompétence et la brouille des relations avec les partenaires de la RDC, notamment les institutions de Bretton Woods (FMI). Pour certains analystes, il ne faut surtout pas faire revenir Matata Ponyo à la Primature.
La RDC mérite mieux, disent-ils, rappelant qu’en 2012, Augustin Matata Ponyo, alors Premier ministre, était à la base de la suspension par le FMI d’une ligne de crédit d’environ 560 millions de dollars accordée à la RDC en 2009, suite à l’opacité entretenue sur une cession de parts dans une entreprise minière appartenant au portefeuille de l’Etat congolais.
Donc, Matata, qui a fermé les portes au FMI et à la Banque mondiale, n’est pas l’homme qui peut aider la RDC à faire face à ses défis, surtout lorsqu’on sait que les ressources de la coopération internationale sont très importantes pour le pays, qui entend couvrir ses besoins en infrastructures. Il a un bilan mitigé. Sous sa Primature, les réserves de change avaient baissé de 1,5 milliard de dollars américain à 800 millions, avec une dégradation du franc congolais, qui était passé de 9300FC (laissés par Muzito) à 1200FC pour 1$. S’agissant du budget, il l’a fait passer de 3,5 milliards à 4,5 milliards $, soit une augmentation de l’ordre de 30%, rappellent-ils.
Les mêmes analystes estiment aussi que Sama Lukonde, même s’il a triplé le budget alors qu’il pouvait mieux faire au regard des indicateurs économiques actuels (boom minier), n’a plus sa place à la tête du gouvernement congolais. Cependant, on lui reconnaît d’avoir initié d’importantes réformes dans le secteur des finances publiques en vue d’accroître les ressources budgétaires du pays. Ces réformes ont amorcé une dynamique haussière du budget du pouvoir central, passant de 10 352 milliards FC en 2019 à 40 464 milliards FC en 2024, soit des accroissements successifs de 2,1% en 2020, de 57,3% en 2021, 33% en 2022, 48,5% en 2023 et 24,7% en 2024. Les budgets des exercices 2021 rectifié, 2022 et 2023, chiffrés respectivement en USD à 8,3 milliards, 10,7 milliards et 16,1 milliards, ont atteint un total de 35,1 milliards USD, se rapprochant largement de l’objectif de 36 milliards USD fixé par le programme de son gouvernement.
Adolphe Muzito, perle rare
Félix Tshisekedi qui entend poursuivre la diversification de l’économie et accroître sa compétitivité, en optant pour la transformation des produits agricoles et miniers bruts en RDC, a sans nul doute besoin d’Adolphe Muzito comme Premier ministre, tranchent-ils.
Le leader du Nouvel Elan a un bilan qui plaide en sa faveur. Sous sa Primature (2008-2012), le budget de l’État en ressources propres avait augmenté de 300%. Il est passé de 850 millions de dollars américains à 3,5 milliards $.
De plus, les réserves de change étaient passées de 90 millions de dollars américains à 1,5 milliard dollars américains, avec comme bénéfice la stabilisation du franc congolais. Et la production du cuivre est passée de 30 000 tonnes à 500 000 tonnes avec incidence positive sur les réserves de change et de la stabilité de la devise nationale. Il avait trouvé le taux à 9300FC et l’a laissé au même montant. Une prouesse non réalisée par ses successeurs.
A l’actif de Muzito, les analystes mettent également la construction des infrastructures routières ; l’augmentation remarquable des salaires des fonctionnaires, des médecins, des professeurs d’Universités, des magistrats et l’octroi de la bourse d’études en faveur des étudiants finalistes dans les universités publiques.
Au regard de ces éléments, les analyses sont convaincus que de tous les prétendants, Muzito est le « fameux mouton à cinq pattes ».