De 2016 à 2023, Paul Kagame a dirigé le processus de réformes institutionnelles de l’Union africaine (UA). A l’occasion de la 37ème session ordinaire de l’Union Africaine qui s’est tenue les 17 et 18 février 2024 à Addis-Abeba en Ethiopie, le président rwandais a présenté son rapport dans lequel il a indiqué que « beaucoup a été accompli » et ce, même s’il a décidé de mettre fin à son mandat en proposant à ses pairs le choix de William Ruto, président du Kenya, pour finaliser le travail.
Parmi les réalisations accomplies dans le cadre de sa mission, Paul Kagame a cité notamment la revitalisation du Fonds pour la paix, qui mobilisé près de 400 millions de dollars. En conséquence directe, a-t-il noté, le Conseil de sécurité des Nations unies a récemment décidé de financer pour la première fois les trois quarts des opérations de paix de l’Union africaine.
« Cela n’a été possible que parce que l’Union africaine est aujourd’hui mieux adaptée à ses objectifs qu’elle ne l’était. Et nous parvenons de mieux en mieux à définir nos intérêts communs et à les défendre », a-t-il dit.

Cependant, le président rwandais a reconnu qu’il reste encore un long chemin à parcourir « pour que l’Union africaine soit aussi forte que nous le souhaitons et que nous en avons besoin ».
Selon lui, quelques points en suspens qui doivent être finalisés sont ceux liés à la restructuration des organes de l’Union africaine et à la division du travail entre la Commission et les communautés économiques régionales.
Ci-dessous, les propositions de Paul Kagame visant à rendre l’UA plus efficace :
•Premièrement, l’ordre du jour de l’Assemblée continue d’être trop long, avec de nombreux points qui ne nécessitent pas l’examen des chefs d’État. Si nous voulons être productifs, nous devons donner la priorité aux éléments les plus importants, comme nous l’avons convenu au début de la réforme institutionnelle.
•Deuxièmement, il semble nécessaire de clarifier le rôle du Président de l’Union africaine par rapport au Président de la Commission. Cela devient encore plus important à mesure que nous réfléchissons à la manière dont l’Afrique sera représentée au G20 et à d’autres rassemblements similaires.
•Troisièmement, le principe de subsidiarité continue d’être mal interprété. Trop souvent, il existe une incohérence dans les décisions prises aux niveaux continental et régional. L’Afrique n’est pas un monolithe.
Les États membres auront toujours des points de vue différents. Nous ne devrions pas prétendre que ces différences n’existent pas, mais plutôt nous concentrer sur la recherche d’un terrain d’entente.
Ici, nous devons garder à l’esprit le contexte mondial. Le monde est confronté à des crises sans précédent et tout le monde est touché, sans aucune exception. Nous devons donc, plus que jamais, dépendre les uns des autres.
•Quatrièmement, les organes législatifs et judiciaires comme le Parlement panafricain et la Cour africaine de justice devraient fonctionner selon des règles et des mandats clairs. Dans le cas contraire, ils agissent davantage comme des organes consultatifs et ne peuvent pas remplir leur fonction initiale.
•Enfin, les décisions prises au niveau des chefs d’État continuent d’être revisitées et révisées, voire résistées, par certains membres du Comité des représentants permanents, ce qui devrait être vraiment inacceptable.
On voit même se créer des structures parallèles dont le principal objectif semble être de contrecarrer et de retarder les réformes proposées et mises en place par les chefs d’État. Par exemple, la restructuration des organes est bloquée depuis des années dans de telles manœuvres. Pourtant, l’Acte constitutif est clair sur les règles de procédure et la division du travail entre le RPC et le Conseil exécutif. Nous devons faire clairement ressortir les préoccupations que peuvent avoir les États membres et y répondre directement et rapidement.