Chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité de l’ONU tient, ce mercredi 12 avril 2023, des consultations à huis clos sur le Mali. Selon les sources onusiennes, le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), El-Ghassim Wane, y est attendu pour un briefing.
Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali va présenter le dernier rapport de Guterres qui se concentre sur les quatre paramètres, que l’examen interne de la MINUSMA par le secrétaire général , en date du 16 janvier, a identifiés comme essentiels pour que la mission fonctionne.
« Ces paramètres sont : (1) l’avancement de la transition politique au Mali, conformément au calendrier électoral ; (2) les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali ; (3) la liberté de mouvement de la MINUSMA, y compris pour les moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance essentiels à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix ; et (4) la capacité de la MINUSMA à mettre en œuvre l’intégralité de son mandat, y compris ses dispositions relatives aux droits de l’homme », précisent nos sources.
Certains membres du Conseil exprimeront probablement leur inquiétude quant au maintien des restrictions aux mouvements de la MINUSMA et noteront que les contraintes liées aux vols de surveillance, mettent en péril la sécurité des soldats de la paix de l’ONU.
« Plusieurs membres devraient réitérer les appels aux autorités pour qu’elles mettent fin à ces restrictions et respectent l’accord sur le statut des forces (SOFA) avec la MINUSMA. Certains membres sont également susceptibles d’exprimer des inquiétudes quant à la capacité de la mission à mener à bien son mandat en matière de droits de l’homme. Ils peuvent citer à cet égard l’expulsion par le Mali le 5 février du directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA, Guillaume Ngefa-Atondoko Andali, le déclarant persona non gratasur son rôle dans la sélection des briefers de la société civile au Conseil de sécurité », ont-elles ajouté.
L’ONU peut également faire part de sa préoccupation concernant les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Le 22 mars, la MINUSMA a publié sa dernière note trimestrielle sur les tendances des violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire au Mali, couvrant la période du 1er octobre au 31 décembre 2022. Elle a montré que le nombre de personnes tuées est passé de 584 en 2021 à 1 277 en 2022, et 2 001 personnes ont été victimes d’actes de violence l’an dernier, dont 370 ont été enlevées ou ont disparu. Les groupes terroristes étaient les principaux auteurs de violences contre les civils (56 % du total) ; les forces maliennes, parfois accompagnées de « personnel étranger », une référence apparente au sous-traitant de sécurité privé russe, le groupe Wagner, ont causé 35 % des violations.
Les consultations de ce mercredi se tiennent au moment du les membres du Conseil de sécurité se préparent à renouveler le mandat de la MINUSMA, qui expire le 30 juin. L’examen interne de la mission par le secrétaire général de l’ONU, le 16 janvier, a présenté au Conseil des options pour reconfigurer la mission. Il s’agit notamment de propositions visant à augmenter le personnel en uniforme, actuellement fixé à 13 289 militaires et 1 920 policiers, ou encore à consolider la présence de la mission pour optimiser l’utilisation de ses ressources.
Cependant, si les quatre paramètres pour que la MINUSMA fonctionne ne sont pas remplis, l’examen a suggéré comme troisième option de retirer le personnel en uniforme de la mission et de transformer la MINUSMA en une mission politique spéciale.
Les membres du Conseil pourraient profiter des consultations à huis clos pour discuter de ces options de reconfiguration.