Le Prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, a participé lundi à Bruxelles, au Forum humanitaire européen co-organisé par la présidence belge du Conseil européen et la Commission européenne. Lors de son intervention, il a exhorté la communauté internationale à ne pas laisser les autres crises éclipser celle qui prévaut dans l’Est de la RDC, où les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre.
Dans le cadre de la réponse humanitaire, a dénoncé Denis Mukwege, la répartition des ressources ne se fait pas de façon équitable, alors qu’en violation du droit international humanitaire, les femmes et les filles continuent de payer un lourd tribut au conflit en cours.
« La crise en RDC est la première crise oubliée. Pour moi, c’est très important pour ce forum de pouvoir sensibiliser pour que cette crise soit connue. Sur le plan diplomatique, sensibiliser sur tout ce qui se passe. Sur le plan humanitaire, mobiliser les pays pour pouvoir soutenir les victimes des violences sexuelles, que nous devrons rester mobilisés puisqu’aujourd’hui, ce que nous constatons sur le plan humanitaire, on a tous les problèmes que nous connaissons, où la répartition des ressources ne se fait pas de façon équitable, mais également la violation des droits international et humanitaire est en train de nous faire perdre la sécurité », a-t-il dit.
La violence sexiste est en forte augmentation dans l’Est de la RDC. Selon l’ONU, entre janvier et août 2023, 46 000 cas ont été signalés en Ituri et dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Pour le chef de la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes, Maciej Popowski, il est urgent de faire de cette crise une priorité en 2024.
« J’ai été choquée par les histoires de survivantes de violences sexistes et sexuelles que j’ai entendues à Goma l’année dernière et lors du Forum humanitaire européen 2024 aujourd’hui. Nous devons faire davantage. Il est urgent d’intensifier les efforts et de faire de la lutte contre la violence sexiste en RDC une priorité en 2024 », a-t-il déclaré.
De son côté, le secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des affaires humanitaires, Martin Griffiths, a indiqué que « les terribles faits qui se produisent dans l’Est de la RDC nous amènent à nous demander si nous partageons une humanité commune ».
Ainsi, a-t-il appelé le système humanitaire à être moins réactif, plus proactif et plus efficace dans le renforcement de la résilience.
Le Forum humanitaire européen 2024 s’est concentré sur le déficit croissant de financement humanitaire et les crises oubliées dans le monde.