La Russie a accusé mardi l’Occident, devant le Conseil de sécurité, d’avoir « volé » les revenus des actifs gelés de la Libye. Selon Dmitry Polyanskiy, chargé d’affaires de la Fédération de Russie à l’ONU, 2,8 milliards d’euros générés par les fonds bloqués dans la Banque Euroclear à Bruxelles « ont été discrètement radiés des comptes et ont disparu ». Et d’asséner : « le vol des biens d’autrui est récemment devenu une pratique courante dans les pays occidentaux ».
En raison des sanctions internationales de l’ONU contre le régime de l’ex-président libyen Mouammar Kadhafi, Euroclear avait bloqué 15 milliards d’euros appartenant à l’Autorité libyenne d’investissement (LIA).
Au cours du briefing du Conseil de sécurité sur la Libye, tenu mardi, la Russie a dénoncé la pratique bien établie de l’empiétement sur les avoirs libyens, qui sont désormais « gelés » en vertu du régime des sanctions « par des banques et des institutions financières occidentales peu scrupuleuses », rappelant n’avoir pas oublié que, ce sont les pays occidentaux qui ont détruit une Libye souveraine en développement en ignorant les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Comme nous le savons, en 2011, l’État libyen a été détruit et le Conseil de sécurité a imposé des sanctions contre le pays. Cependant, le fonds belge Euroclear détient encore environ 15 milliards d’euros appartenant à la Libyan Investment Authority (LIA). Comme l’a récemment révélé une enquête journalistique, pendant 6 ans, prétendument « par erreur », les banquiers belges ont prétendu qu’ils ne savaient pas qu’ils devaient « geler » les intérêts générés par ce capital. De plus, ces revenus ont été discrètement « radiés » des comptes et ont disparu. D’après ce que nous savons, le montant en question s’élève à environ 2,8 milliards d’euros. Cet argent a tout simplement été volé au peuple libyen », a déclaré Dmitry Polyanskiy.
Le diplomate russe a précisé, dans ce contexte, que les dirigeants de la LIA ont l’intention de demander justice devant les tribunaux et a dit espérer sincèrement qu’ils y parviendront, même si, selon lui, le vol des biens d’autrui est récemment devenu une pratique courante dans les pays occidentaux.
« Ces fonds ont été bloqués non pas pour punir qui que ce soit, mais pour protéger ces fonds. C’est là, selon nous, la principale tâche du Conseil à cet égard : maintenir les fonds libyens dans leur état actuel de turbulences afin qu’ils puissent être utilisés à l’avenir au profit du peuple libyen, comme le prévoient les documents pertinents du Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il rappelé.
Par la même occasion, Polyanskiy a répondu à ceux qui tentent de spéculer sur la violation par mon pays du régime de sanctions contre la Libye. « Nous rappelons ici que la coopération traditionnellement amicale entre la Russie et la Libye se déroule dans le respect de toutes les obligations internationales et ne contrevient aux dispositions d’aucune résolution du Conseil de sécurité », a-t-il dit, prévenant que son gouvernement ne permettra à personne de jouer sur les contradictions intra-libyennes et sur les discordes entre la Russie et ses partenaires.
« Au lieu des affabulations éculées, il serait bien plus intéressant d’entendre de notre collègue américain des explications sur les activités de la société militaire privée Amentum sur le territoire libyen, comme le montrent, entre autres, les messages publiés sur son site Internet. Ce dernier indique également que cette société militaire privée opère en Somalie et au Bénin. Selon les observations des journalistes libyens, Amentum a récemment intensifié ses activités à Tripoli. C’est effectivement un sujet qui doit être examiné par le Comité des sanctions, mais nos collègues américains, qui se croient maîtres du monde, ne laisseront probablement pas les experts enquêter sur cette question », a-t-il souligné.
Cependant, Moscou a affirmé « partager » le consensus international sur le rôle central de l’ONU dans le processus de règlement du conflit libyen. Le pays de Vladimir Poutine a souligné son soutien sincère aux efforts de l’élément clé de cette configuration, à savoir la Mission de l’ONU en Libye.
Dans le même temps, la Russie a salué la contribution positive des initiatives parallèles proposées par d’autres pays de la région. Pour elle, la médiation de l’ONU étant au point mort, leur volonté de contribuer à la recherche d’une solution positive pour la Libye est compréhensible.
La Russie espère que cet effort commun permettra de combler le fossé de méfiance qui s’est creusé entre les acteurs libyens au cours des années qui ont suivi « l’agression » de l’OTAN en 2011 et est convaincue que toute mesure visant à faciliter le rétablissement de l’unité de l’ancienne Jamahiriya doit être accueillie favorablement à ce stade.