Le roi Abdallah II de Jordanie a conclu sa visite de trois jours à Kigali au Rwanda, ce mardi 9 janvier 2024. Lundi, il a visité le Mémorial du génocide rwandais, où il a prononcé un discours dans lequel il a souligné l’importance de tirer les leçons de l’expérience du Rwanda dans la lutte contre la rhétorique inhumaine qui alimente les conflits.
Le souverain du royaume hachémite a estimé que ce « mémorial poignant » rappelle que derrière chaque individu tué lors du génocide rwandais se cache un monde entier, une famille qui a perdu un membre, une mère, un père ou un enfant, un rêve qui s’est évanoui et un potentiel énorme qui a été saisi avant son temps.
« Les atrocités dont sont témoins ces murs nous rappellent constamment les conséquences terrifiantes de la déshumanisation des autres. Cela nous rappelle que la propagation de la peur et de la désinformation, en l’absence de réponse internationale, conduit aux pires formes d’extrémisme meurtrier », a-t-il déclaré, souligant que « l’expérience du Rwanda nous enseigne que nous devons combattre la rhétorique inhumaine qui alimente les conflits ».
Pour Abdallah II, l’histoire du Rwanda peut être un phare qui inspire le monde entier. Ainsi, s’interroge-t-il, « comment votre peuple a-t-il fait face à ce grand crime et travaillé ensemble à la réconciliation et à la guérison des vieilles blessures, afin d’éviter une répétition du génocide ? Combien de fois avons-nous dit que nous ne permettrions pas que de tels crimes se reproduisent, pour ensuite nous retrouver confrontés à un autre conflit dans lequel s’enracinent la haine et l’inhumanité envers autrui ? »
Durant le génocide de 1994 au Rwanda, près d’un million d’individus ont trouvé la mort et environ 250 000 femmes ont été violées, laissant la population du pays traumatisée et son infrastructure détruite. Depuis, le Rwanda a entrepris un processus ambitieux de justice et de réconciliation pour tous les Rwandais, pour leur permettre de vivre à nouveau en paix l’un à côté de l’autre.
Le roi Abdallah II est convaincu que le mémorial de Kigali « enseigne » que la communauté internationale ne peut rejeter aucun conflit comme étant irréalisable et « montre » que le respect, la justice et la compréhension peuvent conduire le monde vers un avenir meilleur.
« Il enseigne au monde que la mémoire est importante, que chacun doit reconnaître la brutalité de ce qui a été commis avant de pouvoir œuvrer pour instaurer la paix, que la complaisance en réalité peut équivaloir à de la complicité et que nous devons nous accrocher à notre humanité pour éviter de tomber dans le piège », a-t-il martelé, appelant dans la foulée à l’implication de tous pour résoudre le conflit en cours au Moyen-Orient.